Isméria, une vierge noire miraculeuse ?
Isméria est une princesse soudanaise du XIIe siècle, très vite assimilée à une vierge noire. Elle est notamment vénérée à Liesse-Notre-Dame, un haut lieu de pèlerinage dans l’Aisne. Découvrez pourquoi cette vierge noire est réputée miraculeuse.
Isméria (ou Ismérie) est la vierge noire de Notre Dame de Liesse, dont l’histoire remonte au temps des croisades.
L’histoire raconte qu’elle serait la fondatrice de la Basilique Notre Dame de Liesse, qui existe toujours en Aisne (une région des Hauts-de-France).
Chaque année, l’église attire près de 800 000 visiteurs, on y honore toujours la vierge noire, la patronne de tout le diocèse de Soissons.
Dans cet article, on vous raconte l’histoire d’Isméria liée à celle de la Basilique Notre-Dame et des trois chevaliers français de la Maison d’Eppes.
Depuis le XIIe siècle, la ville de Liesse-Notre-Dame est aussi devenue un important lieu de pèlerinage où la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ, est tout particulièrement vénérée.
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Qui est d’abord Isméria ?
Les chrétiens catholiques reconnaissent Isméria comme étant une princesse égyptienne du XIIe siècle.
Elle est née musulmane chiite avant de se reconvertir au christianisme. C’est la fille du Sultan du Caire El-Afdhal.
Pour connaître son lien avec la Basilique Notre Dame de Liesse et les frères d’Eppes, il faut remonter en 1071 lorsque les juifs, les chrétiens et les musulmans font le pèlerinage en Terre-Sainte.
En guerre avec l’empire byzantin, les Sledjoukides s’emparent de Jérusalem. Et en 1095, le pape Urbain II demande aux chevaliers chrétiens de prêter main-forte à l’Empire byzantin contre les Turcs et de libérer les Lieux saints de la présence musulmane.
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La capture des trois chevaliers d’Eppes
En 1133, les trois frères chevaliers de la Maison d’Eppes, natifs du diocèse de Laon, partent protéger les pèlerins de Terre Sainte.
Pris en embuscade, ils sont faits prisonniers des armées musulmanes et mis en captivité au Caire.
Une fois là-bas, le Sultan d’Egypte El-Afdhal souhaite convertir les 3 prisonniers à l’Islam, mais ces derniers refusent. Il les enferme alors en prison où les frères d’Eppes tiennent bon et n’abandonnent pas leur foi chrétienne malgré les arguments des théologiens musulmans.
La libération miraculeuse des trois frères
Ne parvenant à convertir les trois chevaliers à sa foi, le vizir du Caire envoie sa fille, la princesse soudanaise Isméria, essayer à son tour, sinon son père les tuera.
Curieuse, la princesse leur questionne sur leur foi provoquant ainsi un doute en elle. Elle s’intéresse tout spécialement à la Vierge Marie, dont les trois frères disent que « la vue de sa belle figure donne au cœur une si grande liesse qu’il est impossible de le dire ».
La princesse Isméria demande s’ils ont une image de la Vierge Marie. L’aîné des frères, Jehan d’Eppes, promet d’en faire une statuette si elle leur fournit les outils et le bois nécessaires.
Sachant bien qu’ils ne pourront pas sculpter la statue, les frères prient avec ferveur le Seigneur et la Vierge Marie, le soir venu.
Le lendemain, ils découvrent une petite statue en bois noir, entourée d’une lumière étincelante, représentant la Vierge tenant son fils Jésus sur ses genoux.
Ils donnent alors à cette statuette le nom de Notre-Dame de Liesse, tout simplement car elle « donne et donnera toujours liesse et joie au cœur ».
Bouleversée à sa vue, la princesse promet de libérer des chevaliers et de devenir chrétienne. La nuit suivante, la Vierge lui dit en songe qu’elle sera l’une des épouses de son Fils, qu’elle sera accueillie au Paradis et que le nom de Notre-Dame-de-Liesse sera célèbre dans le monde.
La nuit suivante, Ismérie décide de s’enfuir avec les trois chevaliers, en emportant la statue de la Vierge, quand tout à coup, les portes de la prison et du Caire s’ouvrent par miracle.
Baptisée, la princesse Isméria prend le nom de « Marie »
Après une longue marche, Isméria et les frères d’Eppes sont épuisés et s’endorment près du Nil, parmi eux Robert d’Eppes que la princesse finit par épouser.
Au matin, ils se réveillent miraculeusement près d’une fontaine aux abords du hameau de Liance (devenu aujourd’hui Liesse) et découvrent qu’ils sont en Picardie.
Alors que le petit groupe repart vers le château de Marchais (une ville de l’Aisne), la statue devient si pesante que les chevaliers ne peuvent plus la porter.
Ils en concluent que c’est le souhait de la Vierge Marie. Ils promettent donc d’élever une chapelle en son honneur à cet endroit (certainement l’emplacement actuel de la basilique Notre Dame) puis la statue devient légère.
Les chevaliers, chargés de la statue, retrouvent leur mère à Marchais. La princesse du Soudan, quant à elle, se fait baptiser par l’évêque de Laon, Barthélémy de Jur.
Son parrain fut l’aîné des frères et leur mère sa marraine. C’est ainsi que la fille du Sultan prend le nom de baptême « Marie ».
L’évêque demande ensuite à voir la statue, mais celle-ci n’est plus à Marchais. L’histoire raconte qu’elle serait miraculeusement revenue à l’endroit où elle s’était alourdie à plusieurs fois. Le petit groupe décida alors de la laisser là-bas.
Lorsqu’Isméria meurt saintement, son corps est enterré aux pieds de la statue.
Quels sont les pouvoirs miraculeux de la Vierge noire ?
La statue Notre-Dame-de-Liesse est réputée pour ses nombreux pouvoirs miraculeux, à savoir :
- Le premier miracle remonterait en 1139 lorsqu’un pauvre homme, qui avait volé de la nourriture pour sa famille, fut pendu. Trois jours plus tard, il était toujours vivant à force de prière à Notre-Dame de Liesse.
- Le second miracle daterait du passage de Louis VII à Liance, ce qui a permis de retrouver des enfants disparus.
Une chose est sûre, la renommée de la Vierge noire n’a pas cessé de s’accroître de par ses miracles. Les pèlerins viennent chaque année pour vénérer celle qu’ils considèrent comme « la cause de leur joie ».
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Le début du pèlerinage à la Vierge noire de Liesse
Après la mort d’Isméria, les chevaliers reviennent en France et font construire une église en mémoire de leur bienfaitrice. C’est ainsi que le pèlerinage à la Vierge noire de Liesse a commencé.
De nombreux pèlerins – comme Jeanne d’Arc et le Maréchal Juin – ainsi que presque tous les rois de France (Louis XI, François Ier, Henri III, Louis XIII, Louis XIV) viennent à Liesse pour se recueillir devant le tombeau d’Isméria.
Certains décident même de s’installer au château de Marchais.
Jusqu’au jour où un boulanger du village Lenoir aurait fait brûler la statue dans son four à pain pendant la Révolution française. En 1877, ses restes furent apportés au Québec et conservés dans l’Eglise du Gesù à Montréal.
Le 18 août 1857, une nouvelle statue a été créée et couronnée à l’occasion d’une cérémonie grandiose réunissant plus de 30 000 personnes.
L’église Notre-Dame de Liesse, quant à elle, fut épargnée par la Première Guerre Mondiale, restaurée en 1384 et agrandie en 1480.
