Maurice Marinot est un verrier français. D’abord connu pour ses peintures, il ouvrira son horizon artistique vers le verre en produisant des flacons dans les années 1920.
On retrouve ses productions dans de nombreux musées en France dont le Musée d’Art Moderne de Paris et Le Centre Pompidou, mais également à l’étranger : New York (USA), Dublin (Ireland), Cardiff (Royaume-Uni) …
Peintre avant d’être un des plus grands verriers français
Maurice Marinot a étudié à Paris à l’Ecole des Beaux-arts, dans l’atelier de Fernand Cormon (1945-1924), artiste peintre.
Sensible au courant artistique « Le Fauvisme », on retrouvera dans sa production, une influence de ce mouvement à travers la réalisation de ses flacons.
Ainsi en 1905, il expose avec « les fauves » au Salon des Indépendants puis au Salon d’Automne. Il connait un succès relatif avec quelques récompenses, mais les critiques de l’époque ne le ménagent pas.
Qu’est-ce le courant artistique « Le Fauvisme » ?
C’est un style artistique qui est né en France au début du XXe siècle, vers 1905.
Il s’est repandu ensuite dans toute l’Europe. Ce mouvement que l’on trouve dans la technique de réalisation des tableaux, est caractérisé par des formes simplifiées, cloisonnés par des contours très marquées avec de larges aplats (couleur de surface uniforme).
Le chef de file en France est Henri Matisse (1869-1954).
De grands noms rejoignent ou se lient à ce style : Marc Chagall (1887-1985), Georges Braque (1882-1963)…
Une visite dans une verrerie puis … la révélation
En 1911, Maurice Marinot rend visite à ses amis les frères Viard, Eugène et Gabriel, qui viennent de reprendre une ancienne verrerie à Bar sur Seine près de Troyes.
Ils permettent à l’artiste de s’y installer grâce à un atelier d’étude et de fabrication dans les locaux de leur verrerie.
Le champenois découvre ainsi les méthodes de fabrication du verre.
Il déclare qu’il éprouve : « Un violent désir de ce nouveau jeu »…
Il va réaliser progressivement l’unité du verre et du décor. Il commence par des vases à décorations émaillés, puis se lance dans de multiples recherches techniques sur les procédés d’émaillage en collaborant avec André Mare (1885-1932), architecte d’intérieur, et les frères Villon.
Une rencontre déterminante : André Mare
La collaboration entre Maurice Marinot et André Mare aboutit à une présentation des premiers vases émaillés et flacons novateurs aux expositions d’art moderne en 1912 et dans des galeries.
Tout en ne délaissant pas sa passion pour la peinture, il s’investit pleinement dans l’art du verre.
Un verrier de talent !
La première période des productions est marquée par des vases en verre souvent incolore à décor émaillé de la faune et de la flore.
Il fait réaliser les décors par les décorateurs de la verrerie de Bar sur Seille. Par la suite, il le fera lui-même.
Maurice Marinot acquière ainsi un savoir-faire jusqu’à la maîtrise totale de son art de peintre et de verrier.
Après le courant Art Nouveau, Maurice Marinot excelle avec des vases de style Art Déco dans les années 1920. Le vase aux trois danseuses, produit en 1922 en témoigne.
Ses productions Art Déco sont proches de celles des frères Daum.
À lire aussi : 5 vases Daum à découvrir au musée des Beaux-Arts de Nancy.
Maurice Marinot s’affirme !
À partir de 1923, Maurice Marinot maîtrise le métier de maître verrier.
Lorsqu’il comprend que l’émail masque la beauté intrinsèque du verre, il rejette la décoration de surface en faveur de techniques originales comme l’inclusion d’oxydes métalliques entre différentes couches superposées de verre transparent.
Il utilise aussi un verre « malfin » (imparfaitement raffiné) afin de créer un effet de bulles.
Il invente des tons rouge fraise et bleu turquoise. De 1927 à 1937, Maurice Marinot travaille à chaud des pièces épaisses et d’un seul bloc sur lesquelles il travaille en sculpteur.
La taille qu’il réalise sur les flacons rappelle les contours très marquées que l’on retrouve sur les réalisations des peintures du courant « Fauvisme ».
Il s’affirme et marque de son empreinte l’Histoire du verre. Il devient le génie verrier de son époque !
Emile Gallé/Maurice Marinot
Emile Gallé avait marqué la dernière partie de la fin du XIXe siècle, Maurice Marinot a influencé l’art du verre de la première moitié du XXe siècle.
Les œuvres d’André Thuret (1898-1965) produites dans les années 1945-1955, sont dans la lignée de celles du célèbre troyen.
L’originalité de ses productions de verrerie
Les pièces présentées dans des collections publiques sont essentiellement celles de flacons ou petites coupes.
Vous y trouverez également dans chaque lieu d’exposition où il est présenté, des tableaux de l’artiste.
Dans ses productions, Maurice Marinot expérimente la technique de la gravure en creux à l’acide ou à la roue, donnant à ses verreries, l’aspect de la glace fondante, l’éclat du diamant taillé, des transparences embuées de fumées ou de précieux effets de bullage pailleté d’or.
Il invente une gamme infinie de décors intercalaires.
Le succès
Léon Rosenthal (1870-1932), critique d’art lyonnais, s’enthousiasme d’emblée pour son travail.
Ainsi, il écrit dans la Gazette des Beaux-Arts :
« Il y a longtemps qu’une innovation de si grande importance n’était venue enrichir l’art du verre »
Léon Rosenthal Tweet
Le succès pour Maurice Marinot a été immédiat. Il est rapidement remarqué par d’importants collectionneurs et son travail de verrier fait l’unanimité de la critique.
Ainsi, il est fort sollicité et garnit régulièrement de ses œuvres les pavillons et les stands des décorateurs à l’occasion des Salons d’Automne, des Indépendants ou des grandes expositions internationales (Londres, New York, Barcelone, Munich, Wiesbaden, Paris, Venise…).
La fin tragique de la verrerie de Bar sur Seille
La verrerie est ravagée par un incendie en 1934.
Les frères Viard ferment les portes de l’usine, qui venait d’être reconstruite, en 1937.
L’établissement subit des dommages lors de la Seconde Guerre mondiale, puis les bâtiments sont occupés par l’usine de verres optiques Guilbert et Ponty entre 1947 et 1951.
A partir de 1956, ce site abrite une chaudronnerie. Celle-ci sera en activité jusqu’en 1986. En 2013, le site se trouve désaffecté.
Les signatures de Maurice Marinot
Ses productions sont signées de son nom « Marinot » à l’émail, à la pointe ou à l’acide. Pour la plupart, elles sont numérotées.
Fermeture de la verrerie, problèmes de santé …
La fermeture de la verrerie des frères Viard suspend définitivement la création et production du Maître verrier.
L’état de santé de l’artiste avait déjà ralentie depuis le début de cette année 1934. Toutefois, il cherche en vain un nouvel atelier.
Il présentera ces dernières pièces à l’Exposition Internationale de Paris en 1937. En 1944, un incendie voit disparaître une partie importante de ses peintures.
Maurice Marinot en est très affecté. Il décédera le 8 février 1960 à Troyes à son domicile.
La cotation des vases Marinot
C’est un verrier français avec une cotation élevée puisque la production de ses pièces avoisinerait les 2500/3000 exemplaires, toutes uniques.
Ainsi, il faut compter pour l’acquisition d’un « Marinot » en excellent état, une estimation basse de 10 000 €.
Un peu de lecture ?
En complément de cet article, il existe des ouvrages de références sur Maurice Marinot :
- Maurice Marinot (1882-1960) artisan verrier – Catalogue raisonné de l’œuvre de
verre par Félix Marcilhac – 762 pages – 180 € (prix conseillé) - Maurice Marinot – Penser En Verre – 207 pages – 15 € (prix conseillé)
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Daum, Portieux, Baccarat, Vallérysthal, Lalique ou encore Meisenthal, plongez au coeur d’un savoir-faire d’exception qui anime notre région depuis plusieurs siècles.
En savoir plus sur l'auteur ?
Christophe Garland est un passionné de l’art verrier, retrouvez ses articles sur son blog – leverreetlecristal.wordpress.com
2 réponses
Quelle FABULEUSE MAÎTRISE, à tous les niveaux !
Trop souvent, des personnes
” ayant les moyens “, profitent des objets de CE niveau , pour les acquérir, alors, pourquoi pas, mais on peut les ” posséder “, pourquoi pas, mais, par ce truchement, ils sont ” enfermés “, dans des ” coffres “…..
Mais, ils ne sont malheureusement plus exposés, afin, que d’autres puissent les admirer !…..
Bonjour j’ai retrouvé dans une cave – ça change du Grenier!- un petit vase ( ou pas plutôt une petite carafe – de 26 cm de haut avec bouchon doré en poire. Le tout est en verre marron. Il y a un décor de brin de muguet et quelques branche d’herbe. Le tout est élégant et me fait penser à un ensemble art déco. En le nettoyant j’ai découvert une signature ( M.) gravée au cul de flacon. Je suis curieuse de savoir si ce vase a été réalisé par un verrier ( peut être) célèbre. Je vous remercie de votre réponse. Cordialement