La Porte Binet constitue l’entrée principale de l’Exposition Universelle de 1900, située place de la Concorde. Bien plus qu’un simple lieu de passage, cette Porte monumentale est l’un des monuments les plus représentatifs et les plus emblématiques de l'expo. Retour sur son histoire.
L’Exposition Universelle de 1900 est l’occasion pour la France de montrer que le pays est à la pointe de la modernité et du progrès.
Ce grand événement rassemble plus de 40 pays participants, 83 000 exposants et plus de 50 millions de visiteurs.
De nombreux monuments sont alors construits à cette occasion notamment la Porte Binet utilisée comme porte principale pour accueillir les invités et tous les visiteurs.
Origine, construction, style architectural … Découvrez l’histoire de la grande porte Binet qui a joué un rôle clé dans l’image de marque de l’exposition de Paris 1900.
Une porte construite pour l’Exposition de Paris 1900 par René Binet
Le 14 avril 1900, la France accueille la plus importante Exposition universelle qui marque le tournant du siècle. Il va sans dire qu’une manifestation d’une telle envergure nécessitait une grande porte principale.
Avant l’ouverture de l’exposition en décembre 1896, les organisateurs commandent une porte monumentale. C’est l’architecte français Joseph René Binet, qui se voit charger de cette mission.
À la fois peintre, décorateur et théoricien de l’art français, René Binet est né le 14 octobre 1866 à Chaumont (Yonne) et décède à Ouchy (Suisse) le 23 juillet 1911. C’est le fils de Joseph Binet (brigadier à la pose du chemin de fer) et de Marie Grosset.
Il est aussi connu pour être l’élève de l’architecte Victor Laloux à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Cet architecte de renom est devenu justement célèbre pour son œuvre monumentale, la porte Binet qui porte son nom.
Elle fait office de porte principale qui trône fièrement sur la place de la Concorde.
La Porte Binet : une architecture de couleur et de lumière
Lors de sa conception, l’architecte eut plusieurs idées en tête, allant des souvenirs d’enfance aux architectures polychrome de Venise, du Traité des couleurs de Johann Wolfgang von Goethe en passant par les travaux du biologiste allemand Ernst Haeckel.
Mais Binet voulait créer un monument unique « qui n’a jamais été fait en architecture, une architecture de couleur et de lumière ».
Alors, il eut l’idée du siècle : faire de cet édifice la première tentative de domestication de l’électricité au service de l’architecture et de la couleur.
Après un an de construction, la Porte monumentale est érigée. Ses particularités sont les suivantes :
- Elle est de forme ovoïde et culmine 45 mètres de hauteur
- Sa structure est en fer puis recouverte de bois sur lesquelles on a fixé du staff
- Elle occupe une superficie totale de 2,310 mètres carrés
- Elle est composée de 3 grandes arches, de 20 mètres d’écartement, accolées en triangle et supportant une coupole surbaissée.
Sous la voûte de l’arc, une dizaine de guichets ingénieusement disposés en hémicycle, dans les intervalles des deux arches opposées à l’arche principale, permettent l’accès sans arrêt à plus de 42 000 visiteurs par heure.
L’arche principale est reliée à deux minarets de 35 mètres de haut placés à droite et à gauche de l’édifice grâce à deux immenses frises décoratives en grès flammée (c’est-à-dire à teinte grisée sillonnée de traînées rougeâtres).
Il s’agit de la frise du Travail, réalisée par le statuaire Guillot, qui représente des artisans et des ouvriers ayant apporté leur contribution à la réalisation de l’Exposition universelle de 1900.
Les deux minarets, quant à eux, sont surmontés de fanaux électriques. Et on peut apercevoir une théorie d’animaux se détachant sur des lianes sous la frise et dans le soubassement.
Au sommet de l’arche principale se trouve aussi la proue du vaisseau de la Ville de Paris sur laquelle chante le coq gaulois.
Une porte surmontée d’une statue représentant la « Parisienne »
La porte Binet est également surmontée d’une statue de 6,5 mètres de hauteur, celle d’une femme revêtue d’un manteau flottant symbolisant la ville de Paris qui accueille ses hôtes.
Cette œuvre est celle du sculpteur français Paul Moreau-Vauthier, baptisée « la Parisienne ».
L’originalité de cette figure tient à son modernisme. Son auteur a, en effet, choisi de rompre avec la tradition des allégories grecques et romaines. A la place, il reproduit une Parisienne à la pointe de la mode qui est à la fois ravissante et hautaine.
Par ailleurs, une autre statue attire également l’attention des visiteurs à l’entrée de l’Exposition de Paris 1900 : la statue de l’Electricité aux allures archaïques.
Implantée sur des électro-aimants, elle est vêtue d’une tunique collante et recouverte de bijoux étranges faisant office de carapace métallique.
La porte Binet comme un symbole de l’Art Nouveau européen
La Porte Monumentale a fait l’objet de nombreuses critiques en raison de sa fantaisie. Mais avec son fort succès médiatique, elle est vite devenue un symbole de l’Art Nouveau européen.
Elle est considérée comme une architecture d’exposition à la fois éblouissante et surprenante qui se distingue par sa décoration polychrome.
Pour cause, l’ensemble du monument est formé d’un réseau métallique dans lequel sont encastrés de petits cabochons jaunes, verts et bleus. En vrai, ces cabochons de verre recouvrent de minuscules lampes à incandescence au nombre de 3,116, de formes et de couleurs variées.
En complément, il y a 16 lampes à réflecteurs sur les pylônes, 12 autres lampes à arc sur la coupole et les minarets ainsi que 8 lampes à réflecteurs-projecteurs.
À la nuit tombée, toutes ces lampes sont allumées créant ainsi une féerie sans pareil.
En outre, cette entrée principale est aussi animée par de nombreux drapeaux et mats.
Que reste-t-il de cette porte Binet aujourd’hui ?
La Porte monumentale a été spécialement construite pour accueillir les visiteurs de l’Exposition universelle de 1900.
Ainsi, après la fermeture de l’Exposition, le 12 novembre 1900, l’édifice fut démoli comme tant d’autres conçus à l’occasion de cet événement.