À l’époque impériale, la Chine a vu défiler différentes formes de monnaies, considérées comme les plus anciennes du monde. Les pièces chinoises possèdent pour la plupart un trou carré au milieu et sont utilisées aujourd'hui dans le Feng shui comme symbole porte-bonheur.
La pièce sapèque chinoise est la forme de monnaie la plus utilisée en Chine jusqu’au début du XXe siècle.
Mais saviez-vous que d’autres modèles de pièces de monnaie étaient émis en Chine pendant la période impériale ?
Les pièces chinoises anciennes sont clairement différentes des pièces occidentales par leur technique de fabrication.
En effet, si le mode de fabrication des pièces chinoises consiste à couler du métal en fusion dans des moules, les pièces de monnaie en Occident sont fabriquées en coupant puis en frappant un bout de métal au marteau.
De plus, les Chinois privilégient l’utilisation de matières premières comme le bronze ou le laiton (obtenues à partir de mélanges de métaux natifs : le cuivre, le fer, plomb ou l’étain) pour fabriquer leurs pièces de monnaie.
Admirez ces deux sapèques en bronze, de la dynastie des Qing, frappées entre 1636 et 1911, un véritable artefact de la dernière maison impériale de Chine.
Assemblés sur un cordon garanti à vie, nous l’associons au verre de Murano, pour en faire un bracelet porte-bonheur unique, symbole de richesse.
1) Les pièces de bronze en forme de nez de fourmi (ou cauris yibi)
Entre la fin du Néolithique et l’âge du bronze (XXIe siècle avant J-C), les coquillages cauris sont considérés comme des objets de valeur notamment sous la dynastie Shang (1766-1154 avant J-C).
Dans un premier temps, ils servent de récompenses et de cadeaux à offrir aux rois et aux nobles durant la dynastie Zhou (faisant suite à la dynastie Shang).
Plus tard, des répliques en bronze de coquilles de cauris font leur apparition pendant la période des Printemps et Automnes (770-476 avant J-C). Pour certains, elles auraient servi de premières pièces de monnaie chinoises.
Ce qui est sûr c’est que les pièces en bronze en forme de nez de fourmi, aussi appelées cauri yibi, ont été utilisées comme monnaie. Elles furent retrouvées dans des zones au sud du Fleuve Jaune à l’époque des Royaumes combattants.
Ces pièces de monnaie ressemblent au visage d’un fantôme. En termes de composition, elles avaient une forte teneur en plomb et un poids très variable.
Contrairement aux idées reçues, le nom nez-de-fourmi n’a rien à voir avec la croyance selon laquelle ces pièces servaient à empêcher les fourmis d’entrer dans le nez des cadavres, il se réfère plutôt à l’apparence des inscriptions.
2) Les pièces en forme de couteau et de bêche
À la même période, les premières pièces de monnaie chinoise en métal voient le jour. Elles sont en forme de couteaux et de bêche.
D’une part, les monnaies en forme de bêche sont initialement pourvues d’une poignée creuse, jugées trop fragile et difficile à manier. Elles évoluent ensuite vers une version plus petite et plus stylisée.
Ce type de monnaie en forme de bêche présente généralement des inscriptions gravées sur les deux faces de la lame dans lesquelles on retrouve des dénominations précises.
D’autre part, les pièces métalliques en forme de couteau reproduisent à l’identique la forme des couteaux utilisés à l’ère Zhou. On peut citer les pièces portant des caractères du Qi, celles avec une pointe en forme d’aiguille ou les monnaies en forme de couteau droit.
3) Les sapèques : le début des pièces rondes !
Apparues vers 350 avant J-C, les premières pièces rondes sont percées d’un trou en leur milieu. Les Occidents les connaissent sous le nom de sapèques.
C’est le premier empereur chinois de la dynastie Qin (221-206 avant J-C), Qin Shi Huang Di, qui a standardisé la pièce de monnaie ronde trouée dans tout l’Empire.
Les dynasties ultérieures n’avaient plus qu’à produire des variantes de ces pièces rondes tout au long de l’époque impériale.
Des découvertes archéologiques prouvent que ces pièces rondes circulaient au même moment et dans la même zone que les pièces en forme de couteau et de bêche.
D’abord, les sapèques étaient uniquement en usage dans les régions proches de la capitale chinoise. Mais sous la dynastie Han (206-220 après J-C), son utilisation s’est grandement étendue, en l’occurrence au paiement des taxes, des amendes et des salaires.
4) Les Ban Liang
Lorsque le premier empereur de la Chine, Qin Shi Huan unifia le pays en 221 avant J-C, différents types de pièces rondes se sont imposés, dont les Ban Liang. Il s’agit de pièces rondes pourvues d’un trou en forme de carré au centre.
Leur nom vient de leur taille d’origine et de leur inscription typique à deux caractères : ban et liang signifiant littéralement la moitié d’un liang.
Petite parenthèse : le liang était une unité de poids sous la dynastie Qin, aussi appelée « tael » c’est l’équivalent de 16 grammes.
Ainsi donc, le Ban Liang étant un demi liang, il équivaut à 8 grammes.
Cette forme de monnaie occupe une place importante dans l’histoire monétaire chinoise en raison de sa forme et de son style calligraphique.
Selon des preuves archéologiques, la première émission des ban liang remonte à la période des Royaume combattants, vers 378 avant J-C.
Parmi les trouvailles archéologiques les plus remarquables faites à ce sujet, une série de tablettes en bambou comprenant des règlements rédigés avant 242 avant J-C concernant les monnaies en métal et en tissu.
En 119 avant J.-C, les pièces Ban Liang ont laissé place aux pièces San Zhu (pesant 3 zhu) et Wu Zhu (5 zhu).
5) Le Wu Zhu
Les pièces Wu Zhu ont été produites par la dynastie Han vers 118 avant J.-C lorsqu’elles ont remplacé l’ex-monnaie chinoise San Zhu.
Le nom vient de la combinaison de deux termes : Wu (signifiant 5) et Zhu (une unité de mesure pesant environ 4 grammes). Un Wu zhu veut donc littéralement dire une pièce de 5 zhu.
Pendant l’ère Han, une importante quantité de pièces Wu Zhu furent émises dans le pays. Selon le livre des Han, le règne des Han était une période de prospérité et de bonne fortune.
A cette époque, l’économie monétaire chinoise était en plein essor. Le paiement des impôts, des amendes et des salaires se faisait tous en pièces de monnaie.
Les pièces Wu Zhu avaient continué de circuler même après l’effondrement de la dynastie Han. Elles furent écoulées sur une durée de 736 ans (de 618 avant J-C à 618 après J-C), ce qui en fait la plus longue durée de toutes les pièces de monnaie de l’histoire.
Les pièces Wu Zhu produites par la dynastie Han possèdent un sommet carré à la partie droite du zhu. Sur les pièces fabriquées tardivement, le carré est remplacé par un rond.
Au total, il existe plus de 1 800 variétés de pièces Wu Zhu utilisées. On peut citer les Jun Guo Wu Zhu, les Chi Ze WuZhu, les Shang Lin San Guan Wu Zhu et bien d’autres encore.
6) Les pièces Huo Bu et Huo Quan
Les pièces chinoises Huo Bu et Huo Quan ont été produites pendant la dynastie Xin, fondée par Wang Mang (un dignitaire de la dynastie Han qui s’est emparé du pouvoir en 9 an après J-C).
Une fois monté sur le trône, il entame plusieurs réformes monétaires. La première fut de conserver les pièces Wu Zhu. Et la seconde était d’introduire deux nouvelles versions des anciennes pièces en forme de couteaux : Yi Dao Ping Wu Qian et Qi Dao Wu Bai.
Au fil du temps, ces réformes ont dues mal à passer auprès du peuple selon le livre des Han. Ces pièces de monnaie devaient alors être supprimées. Elles seront remplacées par des pièces en forme de bêche et de nouvelles versions de pièces rondes, appelées les Huo Bu et les Huo Quan.
- Huo Bu : cette monnaie tire son nom de deux caractères Huo (signifiant Argent) et Bu (signifiant Pique). Les pièces de pique avaient une valeur équivalente à 25 pièces de monnaie.
- Huo Quan : cette pièce chinoise a continué de circuler plusieurs années au cours de la dynastie suivante en raison des éléments constitutifs dans son inscription, à savoir, bai et shui (Bai Shui qui se trouve être le nom du village natal de Liu Xiu, fondateur de la dynastie des Han Occidentaux).
Les pièces Huo Quan étaient la forme de monnaie la plus couramment produite sous le règne de Wang Mang. Elles se déclinaient en plusieurs variétés, poids et tailles.
7) Les Kai Yuan Tong Bao
Les pièces de monnaie Kai Yuan Tong Bao furent les plus émises à l’époque des Tang. Et pour cause, elles ont été frappées durant plus de 300 ans.
Elles ont été produites pour la première fois sous le règne de Tang Gaozu, le premier empereur chinois de la dynastie Tang, vers 621.
Une pièce Kai Yuan Tong Bao a un diamètre de 8 fen et pèse 2,4 zhu (l’équivalent de 10 liang). Elle présente des inscriptions, mélangeant des styles d’écriture Bafen et Li, rédigées par le calligraphe Ouyang Xun.
Ce célèbre calligraphe fut le premier à introduire la phrase Tong Bao sur une pièce de monnaie, qui sera ensuite réitérée sur les prochaines pièces et par les dynasties ultérieures.
8) Les pièces Zhou Yuan tong bao
Les pièces de monnaie Zhou Yuan tong bao étaient émises vers 955 par l’empereur de la dernière dynastie Zhou, Shi Zong.
Basées sur les pièces Kai Yuan des Tang, elles sont créées à partir de bronze récupéré en faisant fondre les statues des temples bouddhistes.
Toutefois, beaucoup de gens reprochèrent ce geste à l’empereur. En réponse à cela, ce dernier prononça une remarque énigmatique selon laquelle le Bouddha ne se souciait pas de ce sacrifice.
Il paraît que l’Empereur aurait même supervisé le coulage du bronze dans les grands fourneaux situés à l’arrière du palais.
Par ailleurs, certaines personnes utilisaient ces pièces de monnaie comme amulettes car elles ont été moulées à partir de statues provenant des temples bouddhistes.
Selon la croyance populaire, ces amulettes sont efficaces pour les sages-femmes puisqu’elles auraient le pouvoir de faciliter les naissances.
9) Des pièces en fer pendant la dynastie Song
Dès le début de la dynastie Song (960-1279), les pièces de monnaie en fer sont en usage dans les zones où le cuivre se faisait rare.
Les ateliers de frappe se multiplient alors dans le pays pour répondre aux besoins de pièces de monnaie et ainsi faire face aux dépenses militaires dues au conflit avec la dynastie Liao.
A l’époque, les Song ont aussi produit différents types de pièces de monnaie dont les inscriptions changent à chaque nouvelle ère comme les Song Yuan tong bao avec un style d’écriture li et un poids nominal de 1 qian.
Les Tai Ping en fer étaient également en vigueur à partir de 976, frappées au Sichuan. Une Tai Ping en bronze est égale à 10 Tai Ping en fer.
10) Les pièces Zhizheng Tongbao
Même si le papier-monnaie a commencé à prendre de l’ampleur au sein de l’empire Yuan (1271-1368), les pièces de monnaie continuèrent d’être coulées, en coupures de 2, 3, 5 et 10 wen.
Parmi elles, les pièces Zhizheng Tongbao qui pèsent généralement 8,8 grammes et de 33 millimètres de diamètre.
Il existe différents types de Zhizheng tongbao :
- Le premier type de pièce : avec une branche terrestre mentionnant l’année de coulée, écrite en écrite « Phags-pa » au-dessus du trou central au revers de la pièce.
- Le second type de pièce de monnaie : avec une branche terrestre indiquant son année de production située au-dessus du trou carré central et la valeur nominale au-dessous du trou.
- Le troisième type de pièce : comprend une branche terrestre de son année de production au-dessus du trou carré au verso et le poids nominal de la pièce de monnaie en-dessous du trou.
Après l’avènement de la dynastie Ming, la dynastie Yuan a diminué progressivement la production de pièces de monnaie pour favoriser la circulation du papier-monnaie, même chose lors de la dynastie Qing (dernière dynastie impériale en Chine).
Conclusion
oilà, vous connaissez maintenant quelques-unes des pièces chinoises anciennes, mais retenez qu’il y en a encore tant d’autres.
Aujourd’hui, ces pièces sapèques sont fortes de signification de par leur rotondité évoquant le ciel et le trou central représentant la terre.
Dans le Feng Shui moderne, les pièces chinoises peuvent être attachées à un fil rouge et se transformer en un symbole de richesse et de prospérité.
Ainsi, vous pouvez les mettre dans votre porte-monnaie pour attirer la bonne fortune et l’abondance ou encore les placer dans les commerces et les bureaux pour apporter chance.