De nombreux bijoutiers travaillent les perles de verre sous différentes formes, sublimées à travers des colliers, pendentifs et bracelets. Cependant, peu ont connaissance de leur incroyable histoire, objet d'un important commerce au cours des millénaires ...
Ces perles fascinantes, venues des quatre coins du monde, furent exposées au Pôle Bijou de la ville de Baccarat.
Passionnés par le verre depuis cinq générations, nous avons fait de la perle notre spécialité, que nous sublimons à travers un cordon réglable et garanti à vie.
Si vous appréciez cette découverte, nous vous invitons à vous procurer l’ouvrage “Perles de troc, african trade beads” de Marcia de Castro et Guy Maurette, deux grands collectionneurs pour qui ces perles sont de véritables trésors …
Suite à cette lecture, nous avons ainsi déniché auprès de passionnés les plus belles perles du monde, également appelées perles de trocs.
Venant de Murano, d’Afrique et d’Asie, nous avons créé des bracelets cordon pour faire connaître cet art ancestral.
Plus qu’un simple bijou, c’est un symbole et témoin de notre histoire que nous allons vous conter, êtes-vous prêts pour 10 siècles de péripéties ?
-
Collier Héritage Moretti bleu nuit – 15 EX
155,00€ Choix des options -
Bracelet perles Candy bleu de Venise – 30 EX
75,00€ Choix des options -
Bracelet Mango verre de Murano sur cordon – 5 EX
1 avis -
Bracelet perles Arlequin verre de Murano cordon
20 avis
Les prémices et l'origine de la fabrication du verre à travers les perles
L’histoire du verre commence par une légende ancienne, qui s’écrit bien avant notre ère.
Selon Pline l’Ancien, écrivain et naturalisme romain du 1er siècle, la découverte du verre est le résultat du pur hasard : lors d’une forte tempête en Méditerranée, un bateau de marchands phéniciens trouve refuge sur la côte.
Au moment du repas, l’équipage se met à la recherche de pierres afin de pouvoir caler la marmite, sans résultat. L’un des matelots propose d’utiliser quelques blocs de carbonate de sodium, présents sur le bateau, pour entourer le feu.
Une fois le repas terminé, l’équipage découvre à l’emplacement du foyer, une merveilleuse substance dure, translucide et brillante, miraculeusement créée par la réaction du nitre sur le sable.
Ainsi naquit le verre selon la légende.
Les premiers artefacts en verre seront des perles à l’image de cette dernière issue de Murano :
À lire aussi : histoire du verre à travers les siècles, suivez ce lien.
Quoi qu’il en soit, selon les découvertes archéologiques, le verre est né en Mésopotamie il y a plus de 4000 ans.
Vous vous demandez peut-être où se situe la Mésopotamie ?
C’est une région historique du Moyen-Orient, l’un des berceaux de la civilisation, qui se situe entre le Tigre (fleuve prenant sa source en Turquie) et l’Euphrate (fleuve d’Asie).
La Mésopotamie correspond en grande partie à l’Irak actuel.
La perle de verre, une monnaie d'échange très prisée
Dès l’invention du soufflage du verre, l’empereur Auguste, alors premier empereur romain, découvre tout le potentiel commercial du verre.
Conquérant l’Égypte en l’an 30 av. J.-C, qui est alors un centre verrier de grande importance avec la Syrie (on parle alors du verre de Damas), Auguste, en homme intelligent, décide qu’une partie du tribut de guerre dont il taxe les vaincus soit constituée par des objets en verre dont il connaît l’excellente valeur commerciale.
Le plus étonnant, c’est que les perles de verre de qualité s’échangent alors aussi bien que l’or !
Ce n’est pas tout. Ces petites perles de verre participent également au négoce contre de l’ivoire, mais aussi celui d’un commerce bien plus sordide, l’esclavage.
Vous avez entendu parler de l’esclavage transatlantique et du commerce triangulaire pratiqués à partir du milieu XVI.
Cependant, l’analyse de ces perles révèle une autre face cachée, celle de la traite musulmane, pratiquée du VIIe au XIXe siècle.
Selon l’ouvrage “Perles de troc, african trade beads”, des milliers de Noirs africains traversaient le désert du Sahara, arrachés à leur terre, pour rejoindre la côte de l’océan Indien ou de la Mer Rouge.
Ils étaient échangés par des marchands venus d’Égypte ou d’Arabie contre de la vaisselle, des armes et de la verroterie …
L’Europe, elle aussi, va profiter de l’attrait croissant de ses perles de verre pour assouvir son expansion coloniale.
Sur cette photo, un brin de perles de troc africaines que nous avons acquis chez un collectionneur, ces perles habillent désormais notre duo de bracelet “amour passionnel”.
L'invention du verre mosaïqué permet la fabrication des plus belles perles
Le sable (silice), la soude et le calcaire, portés à haute température, sont les bréviaires de l’art verrier.
Les techniques se développent à l’image du verre mosaïqué.
C’est l’une des plus anciennes techniques verrières, inventée il y a plus de 3500 ans.
Le verre mosaïqué permet de produire de véritables chefs-d’œuvre, parfaitement maîtrisés durant l’époque romaine.
Cela consiste à assembler à froid de petites baguettes de verre formant des dessins, placées au four, créant une mosaïque colorée.
Cette technique sera ensuite oubliée pour être retravaillée par les verriers égyptiens pendant la période islamique (VIIe – XVIe siècle) puis par les verriers vénitiens au XVe siècle.
D’autres techniques de verre font leur apparition. En premier lieu, le verre moulé, puis à partir du Ier siècle avant notre ère, le verre soufflé !
Admirez cette myriade de couleurs sur ces deux perles Millefiori de Murano :
Dès le XVe siècle, l'Europe échange de la marchandise de traite contre des esclaves qui seront vendus aux enchères
Durant plus de trois siècles, les plus grands ports européens tels Amsterdam, Londres, Bordeaux ou encore Nantes envoient une multitude de navires à destination des côtes africaines …
Leur but : échanger de la marchandise de traite, des armes, de l’alcool, des quincailleries dont de la verroterie, contre des esclaves …
Prochaine étape, la grande traversée de l’Atlantique afin de troquer les esclaves contre des marchandises dont l’Europe est friande : épices, café, sucre, fourrures …
Les perles de verre sont alors utilisées en tant que cadeau de bienvenue, point de départ d’une coopération.
Les capitaines de navires négriers, emportent toujours avec eux un paquet, contenant de nombreuses pacotilles leur permettant de faire des affaires personnelles …
Peu à peu, la suprématie verrière de l’Orient perd de sa splendeur. Le verre de Damas, autrefois label de qualité et marque de raffinement, se voit détrôner par le verre de Venise.
À lire aussi : 3 musées à découvrir à Venise.
Aujourd’hui, il ne reste que très peu de fabricants de perles à Murano. Ce savoir-faire d’excellence se trouve en danger.
L’un des dernières Maison, qui officie depuis 1911, est Ercole Moretti.
Il s’agit certainement des plus belles perles du marché, qui se font de plus en plus rares, la production n’étant que très limitée.
Il faut alors acquérir des perles Vintage à l’image de ces deux modèles :
Venise, la sérénissime, devient la capitale mondiale du verre
Comme Rome l’avait fait avec les verriers Égyptiens, Venise “importe” sans scrupule des verriers de Constantinople, suscitant ainsi un nouvel enrichissement technique et artistique du verre qui commence à vivre, dans l’île de Murano, son deuxième âge d’or au début du XIIIe siècle.
Suite à la chute de Constantinople en 1453, assiégée par les troupes ottomanes, conduites par Mehmed II, Venise s’impose comme la nouvelle capitale mondiale du verre.
On y produit notamment des perles de verre de grande qualité, encore aujourd’hui utilisées pour la fabrication de nos bracelets Murano.
Désireuse de préserver leur secret, Venise affiche son autoritarisme : les verriers vénitiens ont interdiction de quitter le territoire sous peine de mort.
La Sérénissime ne parviendra pas à garder ce monopole. Le savoir-faire vénitien se diffuse en Bohême, en Allemagne, en France et au Pays-Bas …
En savoir plus : découvrez comment reconnaître le vrai verre de Murano.
Les secrets du verre sont découverts en France, en Allemagne et en Bohême
Le vent du succès se tourne peu à peu vers la région de Bohême.
Au début du XVIIe siècle, les artisans verriers de Bohême ont une idée ingénieuse.
Afin de produire de la silice (sable), l’indispensable composant du verre, ils broient les quartzites. Il en résulte une silice bien plus pure que celle utilisée par les verriers vénitiens.
Puis, ce sera au tour des Anglais de profiter de la forte demande mondiale en verrerie. En 1673, Georges Ravenscroft parvint à élaborer un verre cristallin aux caractéristiques similaires à celui de Venise.
En savoir plus sur la découverte du cristal.
Enfin, ce sera au tour des cristalleries françaises de dominer le monde avec l’excellence de leur production.
Aujourd’hui, nous travaillons avec quelques verriers en Lorraine pour la production d’une collection Made in France :
Voici les plus célèbres perles de verre de l'histoire
Ce qu’il y a de fascinant avec les perles, c’est que chacune a sa propre histoire.
En effet, ces verroteries, pacotilles pour certains, ne sont pas toutes à mettre dans le même panier !
En s’y intéressant de plus près, ces petits morceaux de verre sont de véritables livres ouverts …
À lire aussi : l’un des derniers créateurs de perles à Murano, Ercole Moretti.
1) La perle à chevron, également surnommée la rosetta
Débutons par la perle iconique, autrefois très appréciée par les marchands et les indigènes.
Considérée comme une perle de haute valeur, pouvant présenter jusqu’à sept couches de verre, elle est aujourd’hui particulièrement recherchée par les collectionneurs.
Créée par la fille de l’un des plus grands verriers vénitien de tous les temps, Angelo Barovier, la perle à chevrons présente une étoile à douze pointes.
Introduite en Afrique dès le XVe siècle, la perle à chevron accompagnait le célèbre navigateur génois Christophe Colomb lors de ses voyages vers le Nouveau Monde.
Elle faisait office de monnaie d’échange jusqu’au XXe siècle, essentiellement en Afrique.
2) La perle cornaline d'Aleppo, utilisée pour le commerce d'ivoire et d'huile de palme
La cornaline est un minéral qui doit sa couleur à des inclusions d’hématite. Considérée comme magique, cette pierre était très appréciée les Romains et les Égyptiens.
Fabriquée à base de verre dans le but de ressembler à la cornaline, cette perle sphérique présente un noyau blanc recouvert de rouge. Acteur de la colonisation européenne en Afrique et en Asie depuis le XVIIIe siècle, cette perle de troc était utilisée pour acheter de l’ivoire et de l’huile de palme.
Elle est notamment un symbole de la ville d’Alep en Syrie, carrefour marchand entre la Mésopotamie et la Méditerranée.
3) La perle à ocelles, porte-bonheur très prisé par les sorciers africains
Contrairement à d’autres perles de troc qui ont une valeur d’ornement, la perle à ocelles est considérée comme une amulette magique, protégeant contre le mauvais oeil (découvrez notre liste des porte-bonheur).
Très appréciée des sorciers africains, les premières perles à ocelles furent fabriquées dans la pierre, elles étaient donc extrêmement rares. Elles seront ensuite fabriquées en verre dès la découverte de sa composition en Mésopotamie.
Sa particularité : présenter des taches en forme d’oeil, un décor très courant dans l’univers des perles. Ce motif est formé par deux gouttes de verre chaud pressées sur la perle.
4) La perle king, échangée contre de l'or en Afrique
Très utilisée pendant la période coloniale, elle présente une forme biconique auréolée de motifs linéaires, ou ocelles.
Elles étaient échangées contre de l’or auprès des chefs africains, entre la fin du XVIIIe siècle et la première moitié du XXe siècle.
5) La perle en verre millefiori de Venise (Murano)
Le terme “millefiori” qui illustre un parterre de fleurs, nous rappelle les grandes créations de la manufacture Saint-Louis, ou encore Baccarat, à travers les presse-papiers !
Digne héritière des perles mosaïquées, dont l’histoire remonte à plus de 3000 ans, redécouverte à Venise à la Renaissance, il en existe des milliers qui présentent des formes géométriques, organiques …
Ces perles sont fabriquées à base de longues baguettes à motifs, appelées murines.
Ces murines sont ensuite assemblées à la flamme sur un noyau de verre chaud enroulé autour d’une tige en cuivre, le mandrin.
6) La perle fiorata, surnommée par les collectionneurs : perle de gâteau de mariage
Cette perle n’a pas fait partie de l’expansion coloniale européenne. Produite dès le milieu du XIXe siècle, et encore fabriquée de nos jours, son nom fait référence à son décor floral, particulièrement à la mode.
Dès le début des années 1890, un nouvel esthétisme s’impose, en complète rénovation avec le passé : c’est l’Art nouveau. Ce courant artistique, qui prend racine à Nancy, s’inspire du naturalisme, de la faune, de la féminité.
La perle fiorata, fabriquée à la flamme d’un chalumeau, rencontre un grand succès, vitrine de l’imagination débordante de la perlière.
Elle est également surnommé “la wedding cake bead” par les anglo-saxons, en raison de son décor qui peut sembler un peu kitsch pour certain.
7) Les perles de rocaille
Les perles de rocaille ont joué un rôle important lors du négoce colonial. D’abord fabriquées en Inde, puis à Murano, les perles de rocaille ont ensuite été produites en Bohême, puis en France.
Obtenues par étirage à chaud d’un tube de verre de plusieurs dizaines de mètres, ces minuscules perles sphériques étaient autrefois utilisées pour décorer des vêtements et fabriquer des bijoux.
Particulièrement prisées en Afrique, ces perles transmettaient un message chez certains peuples.
En Afrique du Sud, la perle de rocaille habillait les lettres d’amour selon un codage précis.
Au nord du Kenya, chez le peuple turkana, les parures ornées de perles de rocaille indiquaient la richesse, l’âge et l’état matrimonial de ceux qui les portaient.
8) Les perles de Briare made in France
Rarement citée comme les hauts lieux de la fabrication de perles, la manufacture de Briare était pourtant un incontournable de ce marché.
Pendant un siècle, de 1864 à 1970, la manufacture de Briare a fabriqué des milliers de perles en porcelaine qui ont voyagé à travers le monde.