La ville de Strasbourg est dotée d’une renommée européenne en matière d’orfèvrerie à travers ses chocolatières, gobelets, couverts de table… Partons à la découverte de l’histoire de l’orfèvrerie strasbourgeoise !
Maintenant que vous savez que faire à Strasbourg pour rendre votre séjour dans le Grand Est à la fois dépaysant, amusant, gourmand et intéressant, apprenons un peu plus sur l’histoire de la capitale de Noël.
Strasbourg est une ville importante dans l’histoire de l’artisanat français, notamment dans celle de l’orfèvrerie française.
Petite histoire de l'ouvrage d'orfèvrerie de France : l'orfèvrerie strasbourgeoise
C’est entre le XV et le XVIIe siècle que Strasbourg sera connu comme un des plus grands producteurs d’orfèvrerie d’Europe.
L’histoire de l’orfèvrerie strasbourgeoise commence en 1681, lorsque Strasbourg est rattaché à la France, et proclamée ville impériale libre par Charles IV.
Située entre le royaume de France et les terres du Saint Empire romain germanique, la ville est ainsi devenue le carrefour des arts.
Il en sort une orfèvrerie originale et rayonnante, faisant de Strasbourg la deuxième ville du royaume qui compte le plus d’orfèvres, après Paris.
En 1789, la ville recense plus d’une centaine d’orfèvres, dont les productions seront perdues plus tard, principalement en raison des fontes révolutionnaires.
Au XVIIIe siècle, la clientèle des orfèvres de Strasbourg est composée de classes sociales variées, allant de la bourgeoisie aux militaires, l’aristocratie locale, les dignitaires de la nouvelle impériale libre, les princes allemands…
Mais aussi les membres du clergé catholique réinstallés dans la cathédrale et dans les églises d’Alsace par Louis XIV.
A l’époque, il y a eu beaucoup de changements importants dans les mœurs, les goûts et la mode, notamment l’engouement pour le chocolat et les nouvelles boissons comme le thé et le café.
Cette tendance a favorisé l’utilisation et l’apparition d’ustensiles nouveaux utilisant l’or comme matière première.
Amplifiée par la renommée du vermeil strasbourgeois, la production de pièces en or de Strasbourg dépasse rapidement les frontières de la région. Louis XIV avait alors autorisé le travail de l’argent au titre de l’Empire qui avoisinait le titre de Paris.
Indiquant la valeur de la concentration d’argent dans le matériau utilisé, ce titre permet d’obtenir un éclat et une durabilité exceptionnels au vermeil strasbourgeois, qui s’est ainsi fait une notoriété dans toute l’Europe.
Mais la clientèle de l’orfèvrerie de Strasbourg disparaîtra progressivement avec la Révolution et ses fontes massives.
Quelques périodes fastes de l’orfèvrerie strasbourgeoise verront le jour plus tard sous le Consulat et sous l’Empire, mais la ville de Strasbourg ne comptera pas plus de 35 orfèvres en 1824.
Le poinçon d'orfèvrerie et le système corporatif des orfèvres Strasbourgeois
Les corporations dans leur définition actuelle ne sont apparues à Strasbourg que vers la seconde moitié du XIIIe siècle.
Une corporation indiquant une association à laquelle une personne était obligée d’adhérer s’il souhaitait exercer un métier dans une région ou une ville.
La véritable corporation des orfèvres de Strasbourg fut la tribu de l’Echasse, qui regroupait également peintres, verriers, doreurs, sculpteurs d’images, vitraillistes, fabricants de boucliers, les spécialistes des métiers du livre (relieurs, imprimeurs, typographes…)…
L’histoire se souviendra toujours de la qualité exceptionnelle de l’orfèvrerie strasbourgeoise intégrée dans l’Echasse. Le Pôle de la Tribu de l’Echasse a été localisé dans la demeure appelée « Zu der Steltzen », située au 15, rue du Dôme, de 1363 à la Révolution.
La corporation de l’Echasse avait imposé aux orfèvres strasbourgeois l’utilisation d’un poinçon qui permettait d’identifier l’auteur et le lieu de production d’une pièce d’orfèvrerie.
Chaque œuvre portait alors un premier poinçon défini par la corporation, ainsi qu’un autre représentant la signature personnelle de l’orfèvre.
Cette pratique n’était devenue effective que dans la seconde moitié du XVIe siècle, période pendant laquelle l’on souhaitait également recenser les membres de la tribu de l’Echasse. Chaque nouvel orfèvre devait alors apposer son nom et sa date d’inscription à côté de son poinçon.
Les plaques d’inculpation de la tribu qui ont résisté aux années font état de plus de 500 poinçons réalisés entre 1540 et la Révolution française.
Louis XIV n’impose pas de changement à ce règlement lorsqu’il intègre la ville de Strasbourg au royaume de France en 1681. D’ailleurs, cette forme perdura jusqu’à la suppression du système corporatif dans le cadre de la Révolution française.
Après le rattachement de Strasbourg à la France, l’artisanat manifeste une forte influence française, notamment dans le domaine de l’architecture.
Côté orfèvrerie, les artisans bénéficient encore du statut particulier de la ville de Strasbourg, notamment un titre moins élevé pour l’argent allemand, ainsi que des taxes réduites.
Les plus grands noms de l’orfèvrerie de Strasbourg et leurs pièces d'orfèvrerie célèbres
Strasbourg est une ville importante de l’Alsace germanique, d’où viennent de nombreuses dynasties princières.
Elle est devenue rapidement un vivier d’artistes et d’artisans, dont des spécialistes du travail de l’orfèvre, notamment ceux qui étaient regroupés dans la tribu de l’Echasse.
Un grand nombre de familles avaient alors une forte réputation dans l’histoire de l’orfèvrerie strasbourgeoise, telles que Georg Kobenhaupt décrit comme le meilleur orfèvre de son temps, mais aussi Johan Jacob Ehrlen, Johannes Jacob Kirstein, Braun, Büttner, Eisenheim, Hammerer… mais deux lignées prestigieuses se distinguent aux XVIIIe siècle : les Imlin et les Kristein.
Originaire du Wurtemberg, le premier orfèvre de la famille Imlin, Jean-Louis fut établi à Strasbourg, mais d’autres membres de sa famille seront inscrits à la maîtrise des orfèvres.
La lignée des Imlin sera connue et reconnue aujourd’hui encore pour son ensemble Toilette en argent doré de la Duchesse de Mecklenburg-Strelitz, réalisée par Johann Heinrich Oertel et Gottfried Imlin.
La famille des Imlin fera partie des rares familles d’orfèvres qui auront survécu à la Révolution française. Néanmoins, la boutique de la famille Kirstein restera debout jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle.
Parmi les grands orfèvres de la famille Kirstein, l’histoire se souviendra longtemps encore de Jacques Frédéric Kirstein de Strasbourg, reçu en maître en 1729 ; mais aussi de son petit-fils qui porte le même nom, connu pour son habileté rare dans la réalisation de paysages et de scènes de chasse.
Jacques Frédéric Kirstein, le petit-fils, connaîtra une grande notoriété avec ses vases et coupes en vermeil sous l’Empire et la Restauration.
Le travail de l’orfèvre et qualité exceptionnelle de l’exécution de son vase monumental aux anses en têtes de griffons font sensation lors de l’Exposition des produits de l’industrie à Paris en 1834.
Les historiens attribuent à Jacques Frédéric Kirstein le titre du plus grand orfèvre de province de son époque, notamment par la minutie et l’art dont il fait preuve dans la fabrication d’objets d’orfèvrerie.
Où trouver des bijoux de l'orfèvrerie et des orfèvres français ?
Témoins d’un savoir-faire et d’un art de vivre particulièrement raffinés, les arts des métaux précieux de Strasbourg fascinent par leur beauté exceptionnelle.
Pour apprécier la qualité du travail de l’orfèvre, vous pouvez découvrir l’ouvrage Deux Siècles d’orfèvrerie à Strasbourg, XVIIIe-XIXe siècles dans les collections des Arts décoratifs, Éditions des Musées de Strasbourg, 2004.
Par ailleurs, le musée de l’Œuvre Notre-Dame conserve dans ses salles d’orfèvrerie de nombreuses pièces d’une beauté exceptionnelle.
Vous trouverez également dans le Musée des Arts Décoratifs un Hanap en forme de grappe de raisin, une coupe couverte avec présentoir, un gobelet de corporation, une écuelle couverte, un miroir de toilette, ainsi que tout un ensemble d’autres œuvres.