Située entre la Meuse et le Rhin, la Lotharingie désigne le royaume du Xe siècle, dans le temps carolingien. Baptisé en hommage à son premier souverain « Lothaire II ».
À l’origine de la formation du duché de Lorraine, la Lotharingie intrigue par son nom et sa fameuse histoire que nous allons tenter de retracer à travers les 10 points clés suivants.
Constitué vers les années 855 suite au Traité de Prüm, ce royaume n’est plus ni moins que le royaume qui résulte du partage de la Francie médiane entre les trois fils de l’empereur Lothaire Ier.
Il s’agit de l’héritage de son cadet du nom de Lothaire II, l’arrière-petit-fils de Charlemagne.
Retour sur la véritable origine de la Lotharingie et sur ce qu’elle est devenue.
1) La Lotharingie, le royaume de Lothaire II apparu en 855
Nous sommes en 855, peu de temps après la mort de l’empereur Lothaire Ier. Ses trois fils ont hérité de son royaume et se sont partagé la Francie médiane, suivant le traité de Prüm.
Son aîné, Louis II ou encore Louis « le Jeune » a hérité de la couronne impériale, mais également de l’Italie ;
Le cadet, Lothaire II a reçu la partie nord de la Francie médiane allant du fleuve Escaut au Rhin, de la mer du Nord au Jura et de l’Helvétie aux Alpes du Nord ;
Le tout dernier, lui, a hérité du royaume de Bourgogne-Provence constitué de la Provence et de la Bourgogne cisjurane.
La Lotharingie est cette partie du royaume attribuée au deuxième fils de Lothaire Ier et arrière-petit-fils de Charlemagne « Lothaire II ».
Celui-ci même qui a convaincu son frère « Charles de Provence » de signer un traité par lequel il devient son successeur en 858. Et ce, au détriment de son aîné Louis II.
À son décès en 863, Lothaire réclame ses droits, bien que les comtés de Lyon, de Vienne et du Vivarais soient les seuls territoires sur lesquels il peut soumettre sa suzeraineté.
La Provence, quant à elle, fut remise au roi Louis II.
2) Lotharingie, origine du nom du royaume
Après le partage du royaume de l’empereur Lothaire Ier, la part de l’héritage de Lothaire II n’avait encore aucun nom.
On utilisait le terme « royaume de Lothaire » pour parler de cette partie de l’ancienne Francie médiane située entre la France et la Germanie.
Peu à peu, le nom Lotharingie a été retenu pour désigner le royaume et les peuples de ce pays. Une nomination inspirée de son souverain « Lothaire II ».
3) Les territoires constituant la Lotharingie
La Lotharingie représente tout le territoire nord du royaume de Lothaire II incluant les vallées de la Meuse, de l’Escaut et du Rhin. Elle s’étend jusqu’à la mer du Nord.
À l’ouest, elle est délimitée par la Flandre, la Vermandoise, la Champagne, la Franche-Comté et la Bourgogne Transjurane.
Sur sa partie Est, elle est limitée par la (Basse)-Saxe, la Souabe et la Franconie.
Pour une idée précise des territoires constituant la Lotharingie, il faudrait consulter le traité de Meersen qui a divisé le royaume franc oriental et le royaume franc occidental en 870.
Ce document renseigne sur l’ensemble des comtés ou pagi formant les États lorrains de Lothaire II.
Dans l’ensemble, ce royaume couvre les territoires actuels :
- Des Pays-Bas ;
- Du Grand-duché de Luxembourg ;
- De la partie de la Belgique installée à l’est du fleuve Escaut ;
- De l’Allemagne, dont la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la Rhénanie-Palatinat, et la Sarre ;
- Et de la France comprenant la Lorraine, l’Alsace et la partie du Nord, à l’est du fleuve Escaut.
Dès le Xe siècle, la région Alsace s’est fortement développée. À partir de cette période, la Lotharingie s’est arrêtée aux premiers contreforts des Vosges.
4) La Lotharingie après le décès de Lothaire II
Marié une première fois à la princesse de Franque « Theutberge », incapable de lui donner un enfant, Lothaire II décide de se séparer de cette dernière en 860. Prétendant qu’elle entretenait une relation incestueuse avec son frère.
Il l’enferma et demanda à des évêques d’annuler leur mariage.
Il se remaria ensuite avec l’aristocrate carolingienne Waldrade en tentant par tous les moyens de légitimer leurs enfants, mais en vain puisque le pape Nicolas Ier n’a pas reconnu sa nouvelle union.
L’an 865, alors qu’il n’avait aucun héritier légitime à qui transmettre ses États, les oncles de Lothaire qui l’ont toujours envié se sont retrouvés à Tusey, à proximité de Vaucouleurs, pour discuter du partage de son royaume après son décès.
À la mort du roi Lothaire II en 869, ses terres ont été occupées par son oncle dit Charles II le Chauve.
Ce dernier fut sacré roi de la Lotharingie dans la ville de Metz, le 9 septembre 869, par l’archevêque Hincmar de Reims.
Mais, son frère Louis II le Jeune et son autre oncle « Louis le Germanique » se sont opposés à cette occupation des États de Lothaire II par Charles II le Chauve.
Ne pouvant pas faire valoir ses droits en raison des nombreuses responsabilités auxquelles il doit faire face dans le Sud de l’Italie, Louis II laisse ses oncles trouver un compromis.
Ces derniers finissent par trouver un terrain d’entente par le biais du traité de Meerssen.
Louis le Germanique hérite alors de la partie orientale de la Lotharingie dont la Frise, l’Aix-la-Chapelle, Metz, Strasbourg et Bâle.
De son côté, Charles II le Chauve occupe la partie occidentale de la Lotharingie formée par la Liège, Visé et Maastricht.
Suite au décès de Louis le Germanique dans les années 876, ses trois fils se sont partagé ses États. La partie orientale de l’ancien royaume de Lothaire est par ailleurs revenue au roi Louis le Jeune. À savoir la Saxe, la Franconie, la Thuringe et la Frise.
À la mort de Charles II le Chauve, la Lotharingie occidentale revient à son fils Louis le Bègue et ensuite à ses fils Louis III et Carloman II en 879.
5) Rattachement de la Lotharingie à la Germanie par Rodolphe Ier de Bourgogne après le décès de Charles le Gros
L’an 879, Louis le Jeune règne sur l’ensemble de la Lotharingie et y demeure jusqu’à sa mort en 882.
Son frère l’empereur Charles le Gros le succède sur le trône et se trouve désormais à la tête de la Germanie, de la Lotharingie et de l’Italie.
La maladie dont il souffrait ainsi que le mécontentement des grands noms de la Germanie à son égard l’ont par ailleurs amené à la diète de Tribur. Ce qui n’a pas manqué de ravir le fils bâtard de Carloman de Bavière « Arnulf de Carinthie ».
Finalement, la maladie a eu raison de Louis le Jeune en janvier 888. À cette même année, Rodolphe Ier de Bourgogne fut élu roi à Toul et tente d’annexer la Lotharingie à la Germanie.
N’ayant pas le soutien de l’aristocratie, il n’est autorisé qu’à régner sur les régions méridionales du Jura.
Au final, la Lotharingie a été offerte à Zwentibold, le bâtard du roi Arnulf de Germanie, en 895.
6) Le royaume de la Lotharingie sous le régime Zwentibold
Le mois de mai 895, le monarque carolingien Arnulf de Carinthie prit la décision d’introniser son fils bâtard Zwentibold en le sacrant roi de la Lotharingie.
Mais, son règne n’a pas duré, car il a rapidement dû affronter les grands du royaume, dont Régnier, qui l’ont contraint à s’expatrier en 898. Une décision qui se traduit par leur refus d’être dominé par un étranger.
Durant cette même année, le roi Charles le Simple fait son entrée en Francie Occidentale suite à l’appel de Régnier et plusieurs nobles contre Zwentibold.
Celui-ci prit la fuite pour finalement rentrer en mois d’octobre pour signer un traité de paix l’année d’après.
Le mois d’août 900, Zwentibold perd la vie dans une bataille opposant son royaume aux comtes Gérard Ier de Metz, Malfried Ier et Étienne de Pouilly.
7) Annexion de la Lotharingie à la France par Charles III le Simple
Après la mort de Zwentibold, la Lotharingie est devenue un duché du royaume de Germanie sous l’égide du Franconien Gebhard.
Une nouvelle fois, l’aristocratie s’y oppose en interpellant le roi de France Charles le Simple, sous prétexte qu’elle veut préserver son indépendance.
La décision d’annexer le duché à la France vient de lui.
8) La Lotharingie est de nouveau rattachée à l'empire germanique, inscription du duché au royaume du roi Henri Ier l’Oiseleur
En 923, Charles III est détrôné par les géants de l’État tels que Raoul de Bourgogne, lui-même choisi pour lui succéder. Certains Lotharingiens l’ont reconnu au dépit de la majorité.
En 925, Henri l’Oiseleur s’est emparé de toute la Lotharingie et envoie un dénommé Eberhard pour y réinstaurer la paix et la justice.
Il décide également de marier sa fille au fils du puissant comte Rainier de Hainaut « Gilbert » pour plus de pouvoir.
Son beau-fils devient duc de Lotharingie en 928 et le duché est entièrement intégré au royaume de Germanie à cette même année.
9) Division de la Lotharingie en deux duchés au Xe siècle par le duc Brunon de Cologne : la haute-Lotharingie et la Basse-Lotharingie
En 959, la Lotharingie est scindée en deux duchés par le duc de Brunon de Cologne soutenu par son frère l’empereur Otton Ier. Et ce, après plusieurs conflits ayant opposé ses différents ducs.
Elle comprend désormais la Haute-Lotharingie à la partie sud et la Basse-Lotharingie au nord.
La Haute-Lotharingie s’étend jusqu’aux sources de la Moselle, de la Meuse et de la Saône pendant que la Basse-Lotharingie ou Lothier couvre tout le Rhin, l’Escaut et la Moselle.
10) Où se trouve la Lotharingie ? Disparition l'ancien royaume de Lothaire II et naissance de la Lorraine d’aujourd’hui !
Suite au partage de l’ancien royaume de Lothaire II en deux principaux duchés, le nom Lorraine a été adopté petit à petit.
Dès le XIe siècle, la Lotharingie est définitivement oubliée pour devenir la Lorraine, notre belle région.
Jusqu’au jour de l’annexion du territoire à la France en 1736, le duché de Lorraine dépendait uniquement du Saint-Empire romain germanique.
Après son rattachement à la France, un nombre important de ducs s’y sont succédé, jusqu’à Charles Quint qui refusa le titre.
Terre d’art, mais surtout d’histoire, pensez à visiter cette région phare de la région Grand Est pour retracer son parcours légendaire.