Connaissez-vous le Kintsugi (金継ぎ), cet art ancestral japonais pratiqué depuis la fin du XVe siècle ? À la fois spirituel et décoratif, il consiste à réparer une porcelaine ou céramique cassée avec de la laque saupoudrée d’or.
Après avoir lu notre guide pour faire votre propre céramique, embarquez dans la découverte du Kintsugi, un art originaire du Japon.
Alliant créativité et originalité, cette technique ancestrale vise à recoller les fissures en les mettant en valeur au lieu de les masquer.
Les objets deviennent alors plus décoratifs avec une allure encore plus originale.
Voici 5 points qui résument l’origine, le principe, la technique et l’utilisation du Kintsugi.
1) Définition et histoire du Kintsugi, l’art ancestral de recoller les morceaux de céramique ou porcelaine du Japon
Découverte vers la fin du XVe siècle, cette technique ancestrale japonaise a vu le jour lorsque le chef de guerre et huitième des shoguns Ashikaga de l’époque Muromachi du Japon a envoyé un bol de thé chinois usé en Chine pour le faire réparer.
Alors qu’il venait de casser son bol de thé préféré, il prit la décision de l’envoyer à ses voisins pour le réparer.
C’est alors qu’il missionna les artisans japonais pour trouver une manière de réparer son bol fétiche et le rendre plus esthétique.
Si la réparation avec les laques issues des résines de plantes était déjà très courante en Chine, en Corée, au Japon et au Vietnam, les spécialistes japonais ont voulu y ajouter une touche plus raffinée en y ajoutant une poudre d’or après ce pur caprice du shogun.
À ce jour, le Kintsugi est une technique traditionnelle mentionnée dans la pensée japonaise du Wabi-Sabi et dans les bases du recyclage et de l’écologie du monde.
Il arrive également que les poudres d’argent, de cuivre, de bronze, de laiton, d’étain, de fer ou de platine soient utilisées.
2) Origine et signification du terme Kintsugi
Le mot Kintsugi nous vient du japonais Kin qui signifie « or » en français et Tsugi qui veut dire « jointure ». Littéralement, il signifie « jointure à l’or ».
Appelé Kintsukuroi, l’art du Kintsugi se traduit comme suit « raccommodage à l’or ».
Il s’agit plus particulièrement d’un procédé de restauration aussi long que précis pouvant durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
La réalisation des meilleurs Kintsugi peut même prendre plus d’un an.
3) Philosophie du Kintsugi, l'art de la résilience et la meilleure inspiration pour un design intérieur authentique
Plus qu’une simple technique de réparation d’objets cassés, le Kintsugi est un art basé sur une philosophie bien définie : considérer le passé de l’objet, son histoire ainsi que les accidents dont il a pu être victime.
Cette pratique nous renseigne sur l’idée que la brisure d’une céramique ou porcelaine n’est pas entièrement irrémédiable.
Symbole du renouveau, elle offre une autre vie à l’objet pour le plus grand bonheur de son propriétaire qui peut continuer à utiliser son objet favori.
À lire aussi : les différences entre la céramique et la porcelaine.
4) Techniques et interprétation de la réparation Kintsugi en psychologie
Vous l’aurez compris, le Kintsugi est une technique de réparation particulière dans le sens où il ne consiste pas à dissimuler les réparations, mais à révéler la beauté des objets en mettant en avant ses imperfections.
Elle se déroule en plusieurs étapes, que nous allons vous énumérer ci-après.
1) Étape n°1 : Recoller les morceaux entre eux
Pour chaque objet en céramique cassé, la première étape consiste à récupérer tous les morceaux en vue de les recoller.
Après nettoyage, les éclats seront mélangés à de la laque (aussi appelée urushi) et à de la poudre de terre cuite.
L’objectif étant d’obtenir un mastic que l’on viendra appliquer soigneusement sur les morceaux brisés pour les recoller.
Sur le plan spirituel, cette première étape du Kintsugi désigne le moment de guérir vos blessures internes et de rassembler toutes vos forces.
2) Étape n°2 : attendre que la résine durcisse
Une fois les éclats rassemblés, il est important d’attendre que les objets sèchent.
Pour votre information, le durcissement de la résine peut prendre plusieurs semaines.
Ce délai écoulé, vous pouvez procéder aux retouches avec du mastic avant de sécher à nouveau le mélange.
Une démarche de séchage que l’on pourrait associer à l’étape de cicatrisation des blessures physiques (des cicatrices psychiques) et au temps nécessaire pour la reconstruction de la personne.
3) Étape n°3 : Revenir à l’essentiel et se préparer à donner un tout autre design à l’objet
Cette prochaine étape consiste à polir les céramiques afin de débarrasser sa surface de ses aspérités et irrégularités.
Puis, une fine couche de laque sera déposée au pinceau au niveau des fêlures.
Pour réussir à bien sécher la solution, il faudra attendre une à deux semaines.
Sur le plan spirituel, cette étape est équivaut à l’étape de la renaissance.
4) Étape n°4 : Affirmer la beauté des fissures de l’objet
C’est sans doute l’une des étapes les plus importantes de l’art du Kintsugi. Il consiste à induire les failles de l’objet de laque mélangée d’oxyde de fer avant de recouvrir le tout de poudre d’or. Histoire de créer un effet largement plus décoratif que le précédent.
Une fois que tout est séché, une dernière couche d’urushi sera appliquée pour fixer l’ensemble du décor.
Dans la vie de tous les jours, cette quatrième étape de la réparation Kintsugi se traduit par votre volonté à assumer votre histoire et vos faiblesses. Elle témoigne de votre envie à devenir une autre personne plus épanouie qu’avant et plus apte à affronter les difficultés du quotidien.
5) Les variantes du Kintsugi, l'art du Kintsukuroi de la réparation japonaise avec des lignes en poudre d'or
Si le Kintsugi en lui-même est déjà un art unique, ses variantes le rendent encore plus incroyable.
C’est notamment le cas du gintsugi qui est une dérivée du Kintsugi visant à décorer les fissures avec de l’argent et non pas de l’or.
L’urushitsugi, quant à elle, est une réparation naturelle mettant en évidence la couleur marron-foncé.
Outre ces dernières, il y a la méthode « crack », portant sur le rassemblement des morceaux de porcelaine ou céramiques cassés en les suturant avec des lignes aussi fines que minimalistes.
Enfin, il y a le yobitsugi, la réparation qui fait usage d’un morceau issu d’un autre objet en céramique ou en porcelaine pour compléter les parties manquantes.
L’objet final retrace ainsi l’histoire et la valeur de chacune des pièces qui y ont été recollées.