Jean Prouvé est un grand architecte et designer français dont le savoir-faire a révolutionné le secteur du mobilier et de l’architecture du XXe siècle.
Né à Paris il y a cent ans de cela, il a aussi su se démarquer à travers ses œuvres de ferronneries d’art. Une galerie lui est d’ailleurs exclusivement consacrée dans le musée des Beaux-Arts de Nancy.
Jean prouvé né en avril 1901
Fils du célèbre peintre et sculpteur Victor Prouvé, le nancéien Jean Prouvé, son histoire est étroitement liée à la ville de Nancy.
C’est aussi le filleul du maître verrier Émile Gallé. Les deux hommes, à savoir Victor Prouvé et Émile Gallé sont les deux principaux fondateurs de l’École de Nancy.
En raison des problèmes financiers de la famille Prouvé, le jeune homme a été contraint d’arrêter ses études pour apprendre le métier d’orfèvre chez le ferronnier Emile Robert à Enghien puis chez Georges-Adalbert Szabo à Paris entre 1919 et 1921.
Une personnalité qui a marqué le XXe siècle, Jean Prouvé a commencé par travailler le fer forgé avant de se tourner vers la soudure électrique. Convaincu par les propriétés de la tôle pliée, il a confectionné de nombreux corps creux grâce à ce matériau.
Connu pour être une virtuose du métal, sa devise est de « ne jamais copier ».
Jean Prouvé débute sa carrière de ferronnier d’art en 1924
Lorsque cette personnalité iconique du XXe siècle termine son service militaire en 1924, il décida d’ouvrir son premier atelier « Jean Prouvé, ferronnier d’art » au 35 Rue du Général Custine dans la ville de Nancy.
Pour cela, il avait contracté un prêt auprès de l’industriel français, Saint-Just Péquart.
Il commença sa carrière de ferronnier d’art en réalisant de magnifiques ferronneries pour des bâtiments privés comme celles pour l’hôtel Thiers de Nancy.
Cela lui a permis de développer ses compétences en design et à améliorer son éthique de travail.
Mais surtout, le Nancéien s’était particulièrement intéressé au façonnage de la tôle d’acier. L’utilisation de ce matériau lui a permis de développer ses premiers meubles.
Il a ensuite délaissé le style Art nouveau pour expérimenter de nouvelles matières comme l’acier inoxydable. C’est à cette période qu’il a créé sa première « chaise inclinable » en tôle d’acier pliée.
Et pour ce designer de renom, l’année 1925 a été marquée par l’obtention d’un diplôme d’honneur pendant l’Exposition internationale des arts décoratifs, et ce, pour son mobilier qualifié d’utilitaire, modulaire et dont la fabrication reposa sur des techniques innovantes et modernes.
En 1927, le designer français Robert Mallet-Stevens a été conquis par ses œuvres et lui a demandé de réaliser la grille d’entrée de l’hôtel particulier Reifenberg à Paris.
Jean Prouvé délaisse la ferronnerie classique pour le modernisme à partir de 1929
En 1929, Jean Prouvé fait partie des cofondateurs de l’Union des artistes modernes (UAM). C’est un mouvement d’avant-garde qui combine art et production industrielle.
À ce titre, l’UAM se compose essentiellement des plus grands noms de l’art moderne comme Gustave Miklos ou encore René Herbst.
En tout cas, le jeune Prouvé a pris soin d’appliquer les principes de l’UAM pour la création de mobilier scolaire et pour l’architecture qui s’est considérablement développée après la guerre.
Son mot d’ordre était qu’ « il n’y a pas de différence entre la construction d’un meuble et d’une maison ». Il base pour cela son travail sur une pensée constructive selon que la logique d’une construction doit générer une esthétique épurée de tout artifice.
Et il ne lui a pas fallu longtemps pour se faire un nom puisque dès 1930, il se fait connaître grâce aux mobiliers scolaires et équipements qu’il a créés pour la Cité universitaire de Nancy.
L’exposition de l’UAM fut aussi pour lui l’occasion de montrer son talent exceptionnel. On le reconnaissait pour ses réalisations associant métal et bois, mais surtout pour sa fameuse technique du tube d’acier inoxydable aplati.
De plus en plus, la liste de ses commandes ne cessa de s’allonger à tel point qu’il a été obligé d’acquérir de nouvelles machines et d’embaucher du personnel.
La conception du mobilier du château de Rupt-sur-Moselle lui a même été confiée par Louis Wittmann, lui-même.
L’architecte Jean Prouvé s'est lancé dans l’industrie technique à compter de 1947
En plus d’être un designer talentueux, Jean Prouvé est un grand pionnier de l’architecture. Il est devenu célèbre pour avoir transformé le processus de construction artisanale d’un bâtiment en une démarche de l’industrie technique.
Dans cette logique constructive, il a installé ses Ateliers à Maxeville dans la banlieue de Nancy. Ce grand artisan commença sa brillante carrière d’architecte en créant des habitations légères au début de la Seconde Guerre Mondiale, et ce, en collaboration avec les architectes Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand.
Il a réalisé un grand nombre de maisons tout aussi uniques les unes que les autres. On peut citer la maison tropicale avec une structure à portique destinée au directeur de l’université de Niamey au Niger, des maisons préfabriquées et différents éléments d'architecture.
La « Maison démontable des Jours Meilleurs » de Jean Prouvé
Parmi les projets architecturaux qui lui ont été confiés, la « maison jours meilleurs » est celle qui a propulsé cet architecte au sommet de sa popularité.
Cette maison démontable et avant-gardiste a été édifiée en 1954 par Jean Prouvé et installée dans la ville de Nancy. Classée au titre de monuments historiques, elle est gérée par le musée des beaux-arts de Nancy.
Élevée sur le quai Alexandre III, la maison les Jours Meilleurs fut fabriquée dans son usine de Maxéville. Elle est équipée de deux chambres, d'une salle d’eau, d'une cuisine et d'un salon. Il est possible de la visiter à titre de musée.
Enfin, la maison Jours meilleurs est une œuvre iconique combinant confort, longévité et économie. Les chambres sont dotées de panneaux à hublots ainsi que des fenêtres à guillotine avec un mécanisme de volets à contrepoids coulissant.
Exposition de ses œuvres à travers le monde dès 1964
Le travail de Jean Prouvé fut vivement admiré et célébré à Nancy et dans le reste du monde. La plus grande exposition de ses créations s’est tenue au musée des arts décoratifs de Paris.
En 1971, c’est au tour de la ville de Genève de célébrer le savoir-faire de cet artiste en accueillant une rétrospective de son travail.
Dix ans plus tard, une exposition Jean Prouvé a eu lieu au musée Boijimans dans la ville de Rotterdam, et ce, à l’occasion du prix Érasme. L’année suivante, il obtient le Grand Prix d’architecture de Paris.
C’est en 2012 que la ville de Nancy a décidé de mettre à l’honneur Jean Prouvé, l’un des designers français les plus célèbres au monde.
À ce titre, la ville lui a consacré plusieurs lieux d’exposition permanente, des manifestations et différentes expositions Jean Prouvé temporaires.
Les expositions Jean Prouvé les plus importantes sont organisées dans le musée de l’École de Nancy et dans le musée des beaux-arts. Ce dernier a d’ailleurs accueilli l’une des fameuses « Maisons Tropicales » préfabriquées du nancéien.
Sans oublier les galeries permanentes destinées à ses œuvres conservées dans le musée de l’Histoire du Fer à Jarville-la-Malgrange, une ville française située à proximité de Nancy.
On peut également retrouver ses collections publiques et privées dans le « Centre Pompidou » de Paris ainsi que dans le « Museum of Modern Art » de New-York.