La date du 27 janvier ne vous dit probablement pas grand-chose, c’est pourtant la date d’anniversaire de l’Empereur Guillaume II. Défilés et autres activités ont eu lieu en Alsace et en Moselle pendant le règne de l’Empereur en Allemagne, de 1888 à 1918.
La Lorraine est une région riche en histoire et en monuments célèbres comme la gare de Metz, la place Stanislas, la Tranchée de Chattancourt, la Cathédrale Saint Etienne de Metz ou encore le Champ de Bataille de Verdun.
Mais c’est aussi l’endroit où l’Empereur Guillaume II avait une propriété (Courcelles-Chaussy), dans laquelle il aimait se ressourcer.
Depuis 1888 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, toute la région de la Lorraine a célébré le Kaiserstag, ou l’anniversaire de l’Empereur Guillaume II, pendant une trentaine d’années.
Partons en voyage à travers l’histoire de cet illustre empereur allemand, qui a laissé beaucoup de traces de sa vie dans la Lorraine, notamment dans la ville de Metz.
Frédéric Guillaume Victor Albert : petite biographie d’un empereur allemand
Qui est l'empereur d'Allemagne en 1914 ? Guillaume II, kaiser allemand, de 1888 à 1918
L’aîné des huit enfants du libéral Frédéric III (huitième roi de Prusse), Frédéric Guillaume Victor Albert, dit Guillaume II, est né le 27 janvier 1859 à Berlin.
Troisième et dernier empereur allemand (Deutscher Kaiser), Guillaume II est également le neuvième roi de Prusse, de 1888 jusqu’à son abdication en 1918.
Sa mère, la princesse Augusta-Victoria est la fille aînée du prince consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha et de la reine Victoria du Royaume-Uni.
Bien que Guillaume II soit né lors du règne de son grand-oncle Frédéric-Guillaume IV, il va connaître une enfance très rude.
Accouchement difficile et atrophie du bras gauche provoqueront, en effet, chez l’enfant un mal-être général, surtout sa lésion à l’oreille interne gauche et ses problèmes d’équilibre quand il monte à cheval, une activité obligatoire dans la noblesse prussienne.
Impatient de monter sur le trône, son père s’acharne sur l’enfant Guillaume II, et l’humilie ou l’ignore complètement.
Ne pouvant passer par l’école militaire à cause de son handicap, Guillaume est envoyé dans un établissement de Cassel par sa mère, avec des enfants bourgeois.
Le futur empereur va développer un caractère vaniteux et nerveux, mais il montre également un intérêt vif pour les sciences, les techniques, la religion, l’histoire, l’archéologie et les voyages.
Du règne à l'abdication de l'empereur Guillaume II en 1918
En juin 1888, l’année des trois empereurs, Guillaume devient souverain de l’Empire allemand, succédant à son père qui, lui, n’aura régné que quatre mois (du 9 mars au 15 juin 1888).
Il avait pour ambition de faire de l’Allemagne la première puissance mondiale. Ainsi, il a délaissé la Realpolitik du chancelier Bismarck, et adopte la politique expansionniste et colonialiste Weltpolitik.
Deux jours avant la fin de la Première Guerre mondiale, Guillaume II abdique le 9 novembre 1918.
Qui était kaiser allemand en 14-18 ?
L’empereur désire avant tout asseoir le prestige de l’Allemagne en se lançant dans une stratégie d’expansion par le commerce, la mer et la colonisation.
Si Bismarck voulait isoler la France, et se lier davantage avec la Russie et l’Autriche-Hongrie, Guillaume II n’a pas souhaité renouveler le traité de réassurance avec la Russie, obligeant le tsar Nicolas II à se lier plus avec la France.
Guillaume II privilégie également une alliance avec l’Autriche-Hongrie, ce qui n’est pas sans irriter la Russie, la France et l’Italie ; cette dernière étant liée dans une alliance défensive dite Triple-Alliance, avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie.
De son côté, la France s’efforce de réconcilier la Russie et le Royaume-Uni vis-à-vis de leur conflit asiatique, et d’isoler l’Allemagne en créant la Triple-entente.
Avec l’amiral Alfred von Tirpitz, Guillaume II établit une politique forte de construction navale pour rivaliser avec l’Angleterre, ce qui pousse Londres à se rapprocher de Paris à travers l’Entente cordiale.
En 1913, les dirigeants allemands s’inquiètent de la montée en puissance de la Russie, craignant une attaque ou une invasion dans les années à venir. Guillaume II manifeste sa volonté d’écraser la Russie à titre préventif, et précise que la guerre n’est plus probable mais nécessaire.
Par son attitude intransigeante, ses maladresses et ses emportements passagers lors de la crise de juillet 1914, Guillaume II a une grande responsabilité dans le déclenchement de la Grande Guerre.
Après deux ans de conflit, Guillaume II donne le pouvoir aux militaires à Hindenburg et Ludendorff. Sous la pression des Alliés, de son état-major et de son gouvernement, il se résigne à abdiquer le 9 novembre 1918.
Comment est mort Guillaume II ?
Les autres souverains allemands qui l’ont suivi dans sa politique autoritaire et militariste n’ont pas pu sauver leurs dynasties. Guillaume II lui-même se réfugie aux Pays-Bas, alors Etat neutre ; s’installe sous la protection de la reine Wilhelmine, à Doorn.
Dans son exil, l’ex-empereur s’accompagne d’une soixantaine de wagons pleins de biens personnels et d’œuvres d’art. Le gouvernement néerlandais va refuser la demande d’extradition des vainqueurs de la guerre, le 23 janvier 1920.
Il mourut de cause naturelle le 4 juin 1941 et inhumé à Doorn, dans son cercueil revêtu de l’emblème Nazi.
L’empereur d’Allemagne et l’annexion de l’Alsace
Appelée également guerre franco-prussienne, guerre de septante ou guerre de 1870, la guerre franco-allemande de 1870-1871 oppose la France et une coalition d’Etats allemands sous l’égide de la Prusse.
Cette coalition est formée du royaume de Bavière, du royaume de Wurtemberg, le grand-duché de Bade et de 21 autres Etats membres de la confédération de l’Allemagne du Nord.
La France déclare la guerre au royaume de Prusse le 19 juillet 1870, mais manque de stratégie de guerre concertée, tandis que les troupes allemandes disposent d’une bonne formation et d’une artillerie lourde.
La France sera battue à plusieurs reprises, et le gouvernement français manque de peu un siège.
La victoire allemande est entérinée par la signature du traité de paix du 10 mai 1871 à Francfort-sur-le-Main. Cette victoire entraîne l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine (actuelle Moselle).
Si une partie de la population allemande désirait un rattachement de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne pour des raisons historiques, linguistiques et ethniques, les gouvernants, dont Guillaume II, avancent des arguments stratégiques (protection du flanc sud de l’Allemagne) et économiques.
L’Alsace et la Lorraine ne seront récupérées par la France qu’à l’issue de la Première Guerre mondiale, en 1918.
La mémoire du 27 janvier en France
De 1888 à la fin de la Grande Guerre de 14-18, la Lorraine a célébré l’anniversaire de l’Empereur (Kaiserstag) pendant trente ans. Il s’agit un peu de l’équivalent du 14 juillet français, et c’était l’occasion pour les Lorrains d’adoption de manifester leur attachement à l’Empire.
Pour l’occasion, ils décoraient leurs maisons et assistaient aux défilés des militaires. Des draps et des branchages étaient cloués sur les façades, des aigles stylisées collées sur les édifices, des bustes de Guillaume II étaient exposés un peu partout, des petits drapeaux flottaient dans les airs…
Qui a succédé au roi d'Allemagne, Guillaume II ?
Né le 4 février 1871 à Heidelberg, Friedrich Ebert devient le premier président du Reich de la république de Weimar, après que l’empereur Guillaume II abdique en 1918.
Cet homme d’Etat allemand est membre du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD). C’est le prince Maximilien de Bade, dernier chancelier impérial, qui donne le gouvernement à Friedrich Ebert le 9 novembre 1918, aux premiers signes de la révolution de Novembre.
Sources : https://www.blelorraine.fr/2023/01/anniversaire-empereur-pendant-annexion-en-moselle/