Désiré Christian sera le collaborateur interprète fidèle d'Émile Gallé pendant trois décennies à Meisenthal. Il sera considéré comme l'un des plus talentueux décorateurs émailleurs de sa génération. Son savoir-faire reconnu le conduira à une totale émancipation artistique en fin de carrière. Alors que le musée du verre de Meisenthal expose ses créations, rêvons avec Désiré Christian.
Qui est Désiré Christian ?
Désiré Jean-Baptiste Christian est né en 1846 à Lemberg en Moselle. Âgé de 14 ans, il entre comme apprenti à l’atelier de décoration de la verrerie de Meisenthal.
Très vite, sa facilité d’exécution, sa dextérité ainsi qu’une grande précision font de lui un artiste décorateur reconnu.
Son oeuvre de verre est bien souvent dans l’ombre d’un de ses commanditaires, Émile Gallé.
Désiré Christian, dans l'ombre d'Émile Gallé
L’oeuvre du grand verrier Gallé est collective, elle voit le jour grâce à de nombreux talents, souvent cachés à l’époque, dont faisait partie Désiré Christian, l’un des plus talentueux émailleurs de sa génération.
La présence de ces verriers, décorateurs et émailleurs de l’ombre, est révélé lors de la demande d’admission à l’Exposition universelle de Paris en 1878. Une lettre de Gallé précise que pour le domaine de la verrerie, une vingtaine de peintres-émailleurs et graveurs sont employés.
Une grande partie de ces verriers sont ceux présents à Meisenthal, verrerie privilégiée où Charles Gallé avait noué des relations de la plus haute importance avec Mathieu Burgun, dirigeant des ateliers BURGUN-SCHVERER, qui deviendra plus tard un ami.
Un atelier complet était destiné à la production des vases de la société Gallé-Reinemer.
Meisenthal sera le coeur de l’innovation technique verrière, c’est ici que la technique du verre coloré à deux ou plusieurs couches va atteindre un niveau d’exception, sous oublier les premiers essais de la marqueterie.
Après avoir remarqué la qualité des émaillages réalisés par Désiré Christian, Charles Gallé-Reinemer décide de l’engager à temps partiel dès 1866.
Il retranscrira à Meisenthal les décors et motifs imaginés à Nancy par la maison Gallé-Reinemer. La collaboration s’accentue au fil des années et Désiré Christian gagne en responsabilité, devenant l’un des contacts privilégiés de Charles Gallé, puis du fils, Émile.
Qu’est-ce que l’émaillage ?
Il s’agit d’une technique verrière qui consiste à appliquer une couche d’émaux souvent colorés (verre fusible + pigment) sur une pièce en verre. Le décor est le plus souvent appliqué au pinceau. Une deuxième cuisson est nécessaire afin de fixer le décor à l’émail.
Admirez le travail de cette coupe, surement réalisée avant 1897, des ateliers BURGUN-SCHVERER (Meisenthal), par Armand et Désiré Christian.
Désiré Christian devient responsable des verriers
La guerre franco-prussienne de 1870 va intérompre les échanges pendant quelques mois. N’oublions pas que la Lorraine est alors annexée, et que la communication entre Nancy et Meisenthal s’en trouve grandement impactée.
Désiré Christian est donc incité à prendre des initiatives lors de ses créations, qui seront récompensées.
Dès 1877, Désiré Christian prend le poste de responsable des verriers, sous la direction de Gallé. Ce remarquable émailleur est assisté par le jeune Eugène Kremer, alors apprenti, qui se révélera être lui aussi un génie créatif, surpassant parfois le maître.
Un document nous apprend que Désiré Christian reçoit en moyenne 1514 francs par mois.
C’est une somme conséquente pour l’époque, résultat d’un poste à responsabilité, Désiré Christian n’avait pas moins de cinq à six personnes sous son aile (graveurs, émailleurs et dessinateurs).
Cette somme est ensuite répartie entre tous les verriers, Désiré Christinan recevant en moyenne 6 à 8 francs par jour, les autres émailleurs et graveurs 5 francs, et les apprentis 1 à 2 francs.
En 1894, la première verrerie Gallé ouvre ses portes à Nancy, berceau de l’Art nouveau.
Il faut alors recruter des artistes de talents, à l’instar de Louis Hestaux, responsable de l’atelier de dessin, aux côtés d’Émile Gallé depuis 1876.
Désiré Christian et Eugène Kremer ne souhaitent pas rejoindre la cristallerie de Gallé, et restent fidèles aux ateliers BURGUN-SCHVERER.
Le vase d’apparat est un exemple de la production de Meisenthal, le décor aux émaux semble être mise en place par Désiré Christian.
Le temps de l'indépendance
En 1896, Désiré Christian s’installe à son propre compte et quitte définitivement la verrerie Burgun-Schvever. Il associe son frère et ses deux enfants à sa nouvelle société.
Son travail est récompensé à l’Exposition universelle de 1900 où il obtient une médaille d’argent. Cette année marque également la consécration de l’Art nouveau.
Les oeuvres de Désiré Christian au musée du verre de Meisenthal
Nous vous avions présenté notre visite au musée du verre de Meisenthal.
- Le premier étage conte l’histoire du verre en Lorraine à travers les différents outils du verrier. On y apprend la composition du cristal, sa fabrication, ainsi que les différentes techniques verrières qui ont fait de Meisenthal un lieu de création, particulièrement innovant.
- Au deuxième étage, dans une ambiance feutrée, une exposition artistique révèle une collection d’une grande richesse. L’accent est mis sur la verrerie Burgun-Schvever, présentant de nombreuses oeuvre du maître Gallé, mais aussi des réalisations de Désiré Christian, Eugène Kremer et Auguste Houillon.
On retrouve des vases gravés à l’acide, décorés à l’émail, souvent rehaussés d’or.
Cette coupe a été offerte et exécutée par Désiré Christian, au nouveau directeur des verreries de Meisenthal, Antoine Burgun, à l’occasion de son mariage avec Marie Louise Hoerdt le 24 août 1889.
Une réponse
En dehors du musée où figure quelques pièces Désiré Christian est un peu oublié du village tombe dans un état médiocre et pas une rue où place du village au nom de ce talentueux verrier