La croix occitane est l’emblème du sud de la France. Liée à la culture et à la langue de la région, elle est aussi le signe d’une identité qui se veut ouverte aux autres, au vouloir-vivre ensemble et à la tolérance.
Tout ceci, bien sûr, dans le respect des différences qui font le charme de chacun.
Partons à la découverte des 10 choses étonnantes à savoir sur la croix occitane, qui complète notre guide sur les croix et leurs significations.
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Croix occitane, croix de Lorraine, croix basque, chaque perle est façonnée à la main par notre verrier en Lorraine, puis dorée à l’or.
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1) Quelle est l’origine de la croix occitane ?
Cette croix est devenue aujourd’hui croix d’Occitanie, sans qu’on ne se souvienne plus vraiment de son origine, en laissant lentement se diluer l’Histoire du Passé !
Les mariages permettaient d’acquérir non seulement des domaines, mais également des titres de noblesse et des emblèmes tel que cette croix ou des blasons. Cf. le drapeau de Provence sang et or, devenu drapeau du comte de Barcelone, et catalan !
L’origine de la croix occitane est soumise à plusieurs hypothèses :
Cette croix est néanmoins bien arrivée en Provence, après le massacre de Saint Maurice, alors qu’elle n’était encore que celle dite de « Saint Maurice » elle va devenir rapidement à partir du Comtat Venaissin celle de toute la Provence.
Elle existerait depuis l’époque wisigothique et romane.
À Toulouse, la légende dit qu’elle serait le symbole d’un peuple gaulois présent au IIIe siècle av. J.-C.
Une croix similaire aurait existé dans le Turkestan chinois dès le IXe siècle. Elle aurait donc été apportée par les Wisigoths issus des bords de la mer Noire. Ces derniers auraient créé un royaume allant de Gibraltar à Orléans, ayant pour capitale Toulouse.
Au Ve siècle, une monnaie frappée par les rois wisigoths, alors maîtres de l’Aquitaine, porte la croix cléchée, à douze extrémités en forme de boules.
Elle serait apparue dès la Première Croisade. On la trouverait sur les armes de Raymond IV de Saint-Gilles. Il était à la tête d’une armée composée d’hommes du Midi au moment de la prise d’Antioche.
On aurait retrouvé cette même forme de croix ayant pu être le symbole d’une tribu celte, peut-être les Volques, implantée dans cette région depuis le IIIème siècle avant J.-C.
Rien de tout cela n’a pu être vérifié hélas.
2) Ce dont on est sûr sur son histoire
Des croix semblables à la croix occitane figurent sur des pièces de monnaie, comme ce fut le cas avec le tiskèle breton sur les monnaies en Sicile durant l’antiquité grecque.
La croix occitane figure également sur des armes de grandes familles du sud de l’Hexagone.
On ne la retrouve sous sa forme actuelle qu’à partir du XIe siècle et dans des familles issues des marquis de Provence (grâce au mariage entre Guillaume III de Toulouse et Emma de Provence, arrière petite fille de Boson II d’Arles).
Ces derniers régnaient sur le sud de la France. Pour les comtes de Toulouse, la croix occitane reste le symbole de leur hérédité avec les marquis de Provence.
La croix apparaît à Toulouse, sous le sceau de Raymond IV, sur un courrier des Capitouls envoyé au roi Pierre d’Aragon durant la Croisade des Albigeois, en 1211.
La croix occitane est représentée dans les armes du Languedoc et de Toulouse entre le XIVe et le XVIIIe siècle.
3) Que signifie et représente la croix occitane ?
Encore une fois, la forme de la croix et ses douze « pommettes » ornant les extrémités des branches sont soumises à différentes interprétations en fonction des époques.
Cela ferait référence :
- aux quatre saisons, pour les branches et aux 12 mois de l’année, pour les extrémités ;
- au Christ, positionné du centre vers l’extérieur (soleil de justice selon Saint-Luc), entouré de ses douze apôtres aux extrémités des branches. Cette interprétation a été donnée par des prêtres catholiques du XIIe et du XIIe siècle ;
- à l’Apocalypse selon Saint-Jean et à l’union mystique de l’âme avec l’esprit, avec les boules représentant les douze portes ;
- aux douze travaux d’Hercule ;
- aux douze éléments octroyés aux différentes personnalités : peur de l’effort, hypocrisie, anxiété, désir de possession, paresse, arrogance, orgueil, indécision, illusion, espoir et regret ;
- aux douze maisons représentant le cycle annuel du zodiaque ;
- aux douze marches donnant accès à la clé de voûte de la Connaissance suprême !
Ne confondez pas la croix occitane avec la croix basque, qui représente les quatre éléments de la création : le feu, l’eau, le vent, l’air.
4) Une croix occitane, mais plusieurs noms
En fonction des usages, la croix occitane peut prendre des appellations différentes :
- croix provençale ;
- croix de Vénasque ;
- croix arlésienne ;
- croix du Languedoc ;
- ou encore croix de Toulouse.
Quoi qu’il en soit, ce qui reste sûr, c’est qu’elle demeure un emblème depuis l’Occitanie médiévale !
On la retrouve d’ailleurs sur les armoiries de nombreuses familles et plus particulièrement sur celle des descendants des marquis de Provence : les comtes de Toulouse, les vicomtes de Marseille et les Adhémar de La Garde, ainsi que les Maisons de Gigondas et de Venasque.
5) Quelles sont les couleurs de la croix occitane ?
La croix occitane est de couleur rouge et jaune, soit sang et or. Ces couleurs se trouvent également sur les armoiries des lignages principaux d’Occitanie.
L’or représente le soleil en fusion, ou l’Être suprême et le sang symbolise l’âme des Hommes.
Ces deux couleurs sont présentes sur le drapeau d’Occitanie. En 2016, pour simplifier les choses, les régions ont fusionné.
La région Occitanie n’a pas voulu faire comme ses voisines concernant la création d’une nouvelle identité visuelle pour son drapeau.
Elle a donc demandé aux créatifs des 13 départements qui la composent de se pencher sur un design novateur pour le logo de la région.
C’est à Montpellier, en 2017, au moment de la première assemblée plénière, que la présidente Carole Delga a révélé ce nouveau logo.
Les habitants ont pu apprécier un drapeau moderne, aux couleurs sang et or, comme le veut la tradition de la région, agrémenté du nouvel emblème alliant la croix occitane aux griffes catalanes.
6) Quelle est la signification de ces couleurs ?
Deux légendes expliqueraient cette association de couleur sang et or.
La première raconte qu’en 870, le comte d’Urgell et de Cardane se battait avec Charles II le Chauve, contre les Normands.
Le comte fut blessé par une volée de flèches. Lorsque le roi lui rendit visite pendant sa convalescence, il trempa quatre doigts dans la blessure du comte et traça avec son sang quatre barres sur son bouclier peint de couleur or. Le roi donna ainsi au comte et donc à la Catalogne ses armoiries.
L’autre légende raconte que le comte de Barcelone possédait un bouclier peint de couleur or.
Lorsqu’il fut lourdement blessé durant une bataille contre les Sarrasins, il traça avec son sang quatre barres sur son bouclier. Ainsi, il espérait que le général adverse ne le reconnut pas pour l’achever.
7) La croix occitane est-elle un symbole religieux ?
La croix occitane est considérée par la loi française comme ayant une appartenance culturelle ou linguistique plutôt que religieuse.
Elle ne fait pas partie des signes ostentatoires interdits dans les écoles par exemple.
8) Où trouver le dessin du blason d’Occitanie à Toulouse ?
La Place du Capitole à Toulouse est un lieu emblématique au cœur de la ville, abritant l’hôtel de ville et un théâtre. Elle est célèbre pour sa croix Occitane et s’étend sur une grande superficie.
Son histoire remonte au XVIIe siècle, mais elle a pris sa forme actuelle au XIXe siècle. Elle a été le lieu de nombreux événements, du marché aux festivités, en passant par des moments sombres comme la période de la Révolution française.
Au XXe siècle, des rénovations ont été entreprises pour accueillir un parking souterrain et rendre la place aux piétons.
Elle a également été embellie par l’artiste Raymond Moretti, qui a créé la grande croix de Toulouse et des tableaux sur les arcades de la place.
Aujourd’hui, la Place du Capitole reste le cœur de la vie toulousaine, un lieu de rassemblement pour les habitants et les touristes, accueillant des marchés, des événements politiques, des concerts et bien plus encore.
9) La croix catalane en Amérique
On retrouve la croix occitane sur une plaque commémorative aux États-Unis, car la ville de Montauban, à côté de Toulouse, est jumelée à la ville de Pawhuska en Oklahoma.
En effet, en 1829, trois Osages (une tribu amérindienne) étaient perdus dans la région depuis plus de deux ans. Ils ont été secourus à Montauban et les habitants les ont aidés à retourner dans leur tribu de l’autre côté de l’Atlantique.
La dette n’a jamais été oubliée et un lien très fort unit ces deux populations pour toujours.
10) La croix occitane inspire de nombreux artisans !
Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous sommes de fervents lorrains, pays de la mirabelle.
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Bonus : Origine de la croix Occitane par l'historienne Marie-Hélène M-S
Entre 286 et 290, des soldats romains, de la fameuse « Légion sacrée » de Thèbes, dont la grande majorité était des chrétiens coptes, se rendaient en Helvétie, conduits par l’Empereur Maximien.
Mais cet Empereur après avoir mâté une révolte de Bagaudes dans le Sud-Est de la Gaule, le chef de la Légion sacrée, Maurice, refusa de sacrifier des prisonniers chrétiens à des dieux païens, tous refusèrent avec lui d’égorger en sacrifice, les captifs.
Cette légion thébaïde récalcitrante fut alors exécutée jusqu’au dernier !
Les populations locales, impressionnées, adoptèrent comme symbole de leur nouvelle foi chrétienne l’emblème de la légion thébaïde, la croix copte tréflée.
Sur ce lieu d’Agaune une basilique, dédiée à Saint Maurice, sera construite en 515 par le roi burgonde.
Depuis le massacre de Maurice et de toute la Légion Sacrée, Maurice fut honoré par les Burgondes chrétiens dont dépendait alors la Provence, il devint le saint patron du village de Caromb.
Et toute la Provence adopta la croix copte dont particulièrement Venasque. Une Abbaye sera construite à Sarrians, un village situé tout à côté de Venasque
D’autre part, les Wisigoths et les Ostrogoths, originaires d’Orient et christianisés par Arius, traversent les limes de l’Empire des Romains d’Occident, alors délaissées par les Romains et leur civilisation déclinante, les Wisigoths s’installent en Aquitaine en 410, ils auraient ainsi amené avec eux cette croix tréflée de Constantinople après ses différentes évolutions, maintenant pattée et évidée dans sa dernière forme, celle remaniée par Nestorius.
Au Ve siècle, une monnaie frappée par les rois wisigoths, alors maîtres de l’Aquitaine, porte la croix cléchée, à douze extrémités en forme de boules.
On en retrouve une, également ressemblante, en Catalogne Espagnole, ce qui n’est pas étonnant puisqu’on sait que ce royaume des Wisigoths s’y est également étendu.
Cela décrit parfaitement l’itinéraire des Wisigoths depuis la Mer Noire, via les Balkans, l’Italie et la Provence, en direction de Toulouse et du pays Catalan.
Cependant il semble certain que dans les siècles passés de très nombreuses croix ressemblantes ont été répertoriées aussi en Gaule Cisalpine, mais également celles dites « Celtiques », avec des branches égales grecques, et pommetées, venues du nord de l’Europe.
Certaines hypothèses avancent aussi qu’elle aurait pu être présente bien avant l’époque romaine en Occitanie, en effet on aurait retrouvé cette même forme de croix avec douze points, la rappelant, même si c’était assez vaguement, ayant pu être le symbole d’une tribu celte, peut-être les Volques, implantée dans cette région depuis le IIIème siècle avant J.-C.
De même, un autel gallo-romain du IVe siècle, à Garin en Haute-Garonne présente ce même genre de croix à douze points.
Cette croix est néanmoins bien arrivée en Provence, après le massacre de Saint Maurice, alors qu’elle n’était encore que celle dite de « Saint Maurice » elle va devenir rapidement à partir du Comtat Venaissin celle de toute la Provence, avec ses différentes évolutions successives. Une Provence qui a plus que vénéré cette croix.
A Notre Dame de Vie de Venasque la pierre tombale de cet évêque Bohétius 583-604, présente des similitudes avec la croix de Venasque des débuts.
La croix définitive sera reprise sur les armoiries des nobles familles provençales et toute la région elle-même y sera très attachée. Ces sceaux des comtes de Venasque en Provence devenus l’emblème des marquis de Provence
A souligner, en 948, Boson II de Provence, porte la croix de Provence hérité de Boson Ier Roi d’Arles. Bien avant le mariage d’Emma et du comte de Toulouse !
Ainsi, cette croix de Saint Maurice, ayant subi les évolutions de la croix de Constantinople était reprise sur les sceaux des comtes de Venasque de Provence, elle était effectivement bien devenue l’emblème des comtes de Provence.
Mais tout partira d’Emma de Provence, dite aussi « Emma de Venasque », fille de Roubaud, frère de Guillaume le libérateur, comte de Provence et comte d’Avignon, elle épousa Guillaume III Taillefer comte de Toulouse et comte de St Gilles, vers 990 environ Cf. Succession des comtes de Toulouse vers l’an Mil.
Par Martin de Framond archiviste et paléographe. Cette date a bien été confortée à cause d’un acte au cours de l’année 992.
Cet acte de Guillaume comte de Provence, accordant des avantages aux nonnes de Saint Césaire d’Arles, a été signé à sa suite par sa famille dont Emma et Guillaume Taillefer, démontrant qu’ils étaient déjà mariés à cette date de 992, mariage qu’on situe dans les années précédentes sans doute vers 990.
Par ce mariage, Emma avait apporté en dot une partie du comté de Provence dont les terres du futur comtat Venaissin, et avec elle, l’emblème provençal, la croix de Venasque et d’Arles, qui était celle de son père et de son oncle, comte et marquis de Provence.
Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse et de St Gilles, comte de Provence par son mariage avec Emma, ayant reçu la croix de Provence l’avait totalement adoptée.
A sa mort en 1037, il fut inhumé dans un sarcophage dont la cuve de pierre prend appui sur trois paires de colonnettes aux chapiteaux sculptés de la croix ” pattée et cléchée “.
Le sceau d’Alfonse-Jourdain, petit-fils de Guillaume III Taillefer, utilisé dans les actes du Marquisat au moment du traité du 16 septembre 1125 ou Traité Pax et Concordia partageant le comté de Provence en deux avec le comte de Barcelone, Raimond Bérenger III, porte cette croix avec le mot ” Venaissini ” croix grecque à branches égales, cléchée et pommetée d’or dont les extrémités des branches sont triplement bouletées et perlées “.
Elle restera l’emblème des comtes de Toulouse lorsque Raymond IV de St Gilles, petit-fils de Taillefer, dota en fiefs l’abbaye de St André d’Avignon, le sceau comtal utilisé représente la croix ” cléchée, vidée et pommetée ” qui était bien devenue l’emblème du Languedoc.
C’est en sa qualité de Marquis de Provence depuis la séparation de la Provence en deux, au traité de 1125, qu’il utilisait ce sceau, venant de son grand-père Guillaume Taillefer.
Lorsqu’il prend la tête de la croisade, en octobre 1096, cette “croix de gueules d’or, cléchée, vidée et pommetée ” sur fond pourpre a servi de bannière pour rallier les Languedociens et les …Provençaux.
Si une croix, ayant une ressemblance lointaine avec la croix de Provence, a pu être utilisée bien avant chez les Volques, dans les siècles précédents, puis plus tard dans cette même région avec la croix nestorienne ramenée par les Wisigoths, cela a bien entendu entraîné des contestations au sujet de la Croix, les uns l’attribuant à la Provence, les autres à l’Aquitaine.
Cependant il y a quelque chose qui peut mettre tout le monde d’accord, c’est qu’il semblerait qu’elle avait totalement disparu dans cette région depuis lors, et ce serait bien et uniquement après le mariage d’Emma de Provence avec le comte de Toulouse Guillaume III Taillefer en 990, qu’apparaît à Toulouse, la Croix de Provence aux couleurs sang et or, les mêmes couleurs que le drapeau de Provence.
C’est seulement alors qu’elle deviendra officiellement la croix des comtes de Toulouse, car elle sera pour eux la marque de leur Marquisat de Provence acquise par ce mariage, tout en se perpétuant en même temps en Provence, dans les familles descendantes des comtes de Provence, qui régnèrent sur le sud de la France.
Les chercheurs et les historiens pourront bien continuer à chercher de nouvelles preuves sur l’origine de cette croix, communément appelée aujourd’hui « d’Occitanie » après avoir été « de Provence » puis « de Toulouse » puis longtemps du « Languedoc » mais pourtant en remontant le fil de l’Histoire, il semble que les Provençaux peuvent un tantinet continuer à croire, au pied du Mont « Vintur » cet ancien dieu des Albiques, devenu depuis lors le Mont Ventoux, que cette extraordinaire croix, aux « gueules d’or, cléchée, vidée et pommetée » aux mêmes couleurs « sang et or » que leur drapeau de Provence, est aussi « de chez eux ».
Marie-Hélène Morot-Sir
Auteur « Terres Millénaires de Provence » Editions des pinèdes octobre 2021