Visite de la verrerie de Meisenthal et son site verrier
Située à seulement 10 km du musée Lalique, la verrerie de Meisenthal est aujourd'hui l'une des dernières verreries artisanales de la région. Riche d'un passé glorieux, c'est ici que la véritable boule de Noël en verre a vu le jour. Partons ensemble à la découverte du Centre international d'art verrier (CIAV).
Si vous souhaitez vous rendre en Lorraine, préparez votre séjour avec notre guide des cristalleries.
En attendant, voici une vidéo vous présentant quelques chefs-d’œuvre que vous pouvez admirer en vous rendant sur le site verrier de Meisenthal. N’oubliez pas de vous abonner à la chaîne !
Les boules de Noël de la verrerie de Meisenthal
Chaque année, alors que l’hiver s’installe et que la neige tombe du ciel, le sapin de Noël se pare d’un chapelet de décorations : guirlandes, anges, lumières, et bien sûr, les incontournables boules de Noël !
Mais d’où viennent ces objets décoratifs indissociables de cette époque festive ?
La genèse de cette coutume emblématique vous sera contée plus bas, patience…
Avant de vous révéler leur histoire, nous vous proposons de découvrir les véritables boules de Noël de Goetzenbruck façonnées par la verrerie de Meisenthal, aujourd’hui le Centre international d’art verrier (CIAV).
La célèbre manufacture perpétue la tradition et met à l’honneur la dextérité des artisans verriers à travers la fabrication de boules de Noël en verre soufflé à la bouche.
Un secret bien gardé par ces virtuoses des arts du feu !
En plus d’une ligne traditionnelle composée de modèles intemporels lancée en 1999, le site verrier édite chaque année une nouvelle boule de Noël dite contemporaine.
Ainsi, la cristallerie de Meisenthal fait appel à des créateurs afin de réinventer la tradition à leur façon. Une collaboration qui donne naissance à des œuvres uniques, mêlant savoir-faire ancestral et modernité.
En Lorraine, ces pièces d’exception sont attendues avec impatience pour célébrer la magie de Noël !
La ligne contemporaine des boules de Noël de Meisenthal
Levons le voile sur la collection des boules contemporaines soufflées par les verriers du CIAV :
- Piaf (2021) ;
- Magma (2020) ;
- Lab (2019) ;
- Arti (2018) ;
- Rotor (2017) ;
- Fizz (2016) ;
- Silex (2015) ;
- Mix (2014) ;
- Sylvestre (2013) ;
- Vroum (2012) ;
- Kilo (2011) ;
- Cumulus (2010) ;
- Hélium (2009) ;
- Tilt (2008) ;
- Vergo (2006) ;
- Ovni (2004) ;
- Diva (2003) ;
- Goutte (2001).
Piaf (2021)
Voici la boule de Noël 2021, la créatrice a voulu rappeler le souvenir des boules de graines pour les mésanges qu’elle accrochait dans son jardin pour nourrir les oiseaux.
Meisenthal veut dire “la vallée des mésanges”.
Magma, l'exploratrice (2020)
Dessinée par Emma Pflieger et Antoine Foeglé, cette boule de Noël se veut une invitation à l’aventure.
Représentation miniature d’une capsule d’exploration intraterrestre, Magma est disponible en plusieurs coloris. Proposez à vos enfants un embarquement immédiat pour un voyage aux antipodes !
Lab, la savante (2019)
Clara Bellet et Clémence Paillieux se sont penchées sur la formule magique pour créer l’alchimie de Noël.
Le résultat de cette expérience : une œuvre surprenante tout droit sortie d’un laboratoire scientifique. Heureux mélange entre des tubes à essai, une fiole ballon et un flacon erlenmeyer, Lab est une boule de Noël à toute épreuve !
Arti, l'attendrissante (2018)
Fruit du travail de la designeuse Nathalie Nierengarten, Arti n’en reste pas moins un légume.
La boule de Noël de cette édition représente un cœur d’artichaut généreux, mis à nu après lui avoir retiré sa carapace végétale. Une magnifique pièce épurée et délicate.
Rotor, la roue dentée (2017)
Pour son cru 2017, la verrerie de Meisenthal sollicite le concours d’Hellène Gaulier et de Gwenolé Gasnier (Agence GG).
Rotor est une ode au compte à rebours excitant qui se déclenche chaque année, à l’approche de Noël. Symbole du temps qui passe, la boule contemporaine se réapproprie la mécanique de l’horlogerie avec un engrenage de pièces techniques.
Tic tac, tic tac… Alors, c’est quand Noël ?
Il suffit de demander au Noëlomètre : une incroyable machinerie développée avec l’atelier horloger Morlaix, au sein de laquelle Rotor roule des mécaniques.
Fizz, la pétillante (2016)
Imaginée par Rafaële David, Fizz fait la part belle aux agrumes ! Elle prend la forme d’un presse-citron et en emprunte ses caractéristiques.
Un zeste d’acidité, un soupçon de fraîcheur et une bonne dose de joie de vivre ont permis de créer une boule de Noël vitaminée qui respire la convivialité. Sa couleur jaune vif pleine de peps se décline en une ribambelle de teintes pour être mariée avec la décoration des sapins de Noël.
Silex, l'authentique (2015)
Retour aux sources avec cette boule de Noël en forme de silex. Les designers Manon Leblanc et Romain Diroux du Studio Monsieur ont eu l’ingénieuse idée de suspendre le temps en reproduisant l’outil des Homo sapiens.
De l’âge de pierre à l’ère moderne, Silex est un fascinant témoin de l’histoire.
Mix, l'audacieuse (2014)
Mix renferme un secret surprenant… Vous connaissez ce son si singulier de la neige crissant sous les chaussures ?
Eh bien, le Studio Nocc a décidé d’emprisonner cette douce mélodie dans une boule de Noël !
Une approche conceptuelle privilégiée par les designers pour donner vie à une œuvre unique, gardienne d’une mémoire auditive hivernale. Une fois enregistré, le bruit de pas sur les flocons génère une onde sonore.
De cette trace musicale naît un volume : Mix, représentation graphique d’une sensation inimitable et d’émotions indescriptibles liées à la magie de Noël.
Sylvestre, l'intrépide (2013)
Mesdames et messieurs, découvrez le superhéros des montagnes !
Tout droit sorti de l’imagination du studio Brichetziegler, Sylvestre est une boule de Noël personnifiée, un petit oiseau patrouilleur des forêts, qui suscite l’empathie et l’attachement chez les enfants et les grands. Sa ronde buissonnière achevée, il offre un ornement en verre du plus bel effet sur le sapin du salon !
Vroum, l'inébranlable (2012)
La verrerie de Meisenthal met la gomme avec Vroum l’increvable.
L’artiste Thibaut Allgayer pilote le projet d’une main de maître avec cette boule de Noël soufflée à la manière d’un pneu que l’on gonfle. Un design accrocheur pour ne pas déraper dans la neige ni dans le sapin !
Kilo, de plume et de plomb (2011)
L’Atelier BL 119 dessine une boule contemporaine qui défie les lois de la pesanteur sur l’arbre de Noël.
À l’image des poids hexagonaux utilisés pour les anciennes balances d’épiciers, Kilo a pourtant tout d’un poids plume avec ses courbes de verre.
Cumulus, la rêveuse (2010)
En collaboration avec Mendel Heit, le CIAV décroche du ciel un nuage blanc et moelleux pour en décorer les sapins. Une boule de Noël tout en rondeur qui nous plonge dans une rêverie douillette. Il est si bon d’avoir la tête dans les nuages !
Hélium, l'aérienne (2009)
Des nuages aux ballons colorés, il n’y a qu’un pas. Le studio V8 Designers met au point une boule de Noël gonflée à l’hélium renvoyant aux souvenirs forains de notre enfance, mais qui restera néanmoins bien accroché aux branches du sapin !
Un brin d’insouciance bienvenu à l’approche du 25 décembre…
Tilt, la flamboyante (2008)
Quand Philippe Riehling s’est vu confier la réalisation d’une boule de Noël de Meisenthal, ça a fait tilt !
L’artiste eut la brillante idée d’allier design et écologie. Tilt rend ainsi hommage à l’ampoule à incandescence, alors vouée à disparaître, prête à rayonner de mille feux dans les sapins.
Vergo, la ténébreuse (2006)
Bernard Petry entend donner un second souffle aux boules de Noël argentées de la verrerie de Goetzenbruch, autrefois nommée Vergo.
La pièce contemporaine transmet l’histoire de sa désaffectation en 2005 et celle d’une population désarçonnée laissée pour compte. Une boule iconique d’un noir envoûtant qui sonne comme un hommage vibrant et bouleversant…
Ovni, la futuriste (2004)
Ses lignes incurvées et sa forme atypique sont éloquentes, il s’agit bien d’une soucoupe volante. Pensée par le plasticien Italo Zuffi, la boule Ovni emmène les petits bonshommes verts pour un voyage à travers l’espace, jusqu’au coin du feu dans le salon des foyers.
Diva, la déesse (2003)
Révolution d’une étoile à 12 branches, Diva se pavane en ondulant sur les branches des arbres de Noël. Une décoration de verre élégante tout en courbures imaginée par Michel Paysant.
Goutte, la cristalline (2001)
Le bal des boules de Noël se termine avec la toute première création de la ligne contemporaine, Goutte.
Esquissée par Andreas Brandolini, cette œuvre réinterprète la paraison d’un verre à pied : une goutte de verre façonnée par les verriers à la canne. Un objet idéal à suspendre, empreint de féérie et d’une grâce délicate.
Où se trouve la verrerie de Meisenthal ?
Situé à 200 km de Nancy, Meisenthal est un petit village rural du département de la Moselle en Lorraine, entouré d’une forêt majestueuse (ne confondez pas avec l’Alsace).
Rendez-vous : 1 place Robert Schuman.
Voici comment tout a commencé.
Après l’extinction de leur verrerie de Soucht en 1700, les verriers adressent une requête au duc de Lorraine pour obtenir la permission de construire un nouveau four.
À lire aussi : la vie de verrier il y a plus de 500 ans.
Accordée le 2 septembre 1702, cette autorisation précise que la verrerie doit être construite au canton du ruisseau appelé Meiserback où il y avait anciennement une verrerie.
La verrerie se spécialise dans la gobeleterie, le verre optique, puis le verre pressé moulé. La fin du XXe siècle lui sera fatale.
La fin d’une épopée :
La verrerie traverse les conflits, mais échoue à l’aube des années 1970, n’ayant pas fait le choix de la modernisation. En 1969, la verrerie de Meisenthal ferme ses portes, laissant plus de 650 ouvriers sur le carreau. Ceci n’est qu’un court résumé. Lisez jusqu’à la fin, on vous présente l’histoire en détail.
Le renouveau du CIAV
L’idée de création d’un Centre international d’art verrier à Meisenthal germe à partir de 1988.
Le bâtiment de la taillerie est rénové et équipé pour le travail du verre. Le centre est inauguré en 1992 et préserve la mémoire du site verrier de Meisenthal.
Aujourd’hui, la verrerie de Meisenthal compte 18 salariés (dont une équipe de sept verriers). Leur spécialité : la boule de Noël.
Vous voilà au coeur des Vosges du nord. La verrerie de Meisenthal fait aujourd’hui partie des étoiles terrestres qui regroupent trois sites verriers très proches géographiquement :
- Lalique
- Saint-Louis
- Meisenthal
Vous pouvez ainsi vous réserver une journée entière pour découvrir chacun d’eux.
Après votre visite de la cristallerie Lalique, ou bien de Saint-Louis, vous êtes à 10 minutes en voiture de Meisenthal.
Et si vous désirez poursuivre la découverte de la région, lisez notre guide : que faire dans les Vosges ?
Où trouver les boules de Noël de Meisenthal ?
Avant de vous présenter l’histoire de la verrerie de Meisenthal en détail, voici où vous pouvez vous procurer les boules de Noël made in Meisenthal.
- Si vous pouvez vous déplacer, rendez-vous sur le site verrier, un point de vente joliment décoré présente toutes les collections de la cristallerie (boule de Noël bien sûr, mais aussi vase, gobelet, carafe… )
- Certains offices de tourisme de Lorraine les proposent à la vente.
- Rendez-vous sur le site officiel de la cristallerie de Meisenthal, elles y sont parfois proposées à la vente.
Comme chaque année, le succès est au rendez-vous. La cristallerie a souvent des difficultés à faire face à la demande, toujours plus grande.
Un conseil : ne tardez pas si vous désirez vous offrir la dernière venue.
La boule de Noël Meisenthal 2019 se prénomme “Lab” et s’inspire de la verrerie de laboratoire. Elle est issue de la collaboration de deux jeunes designeuses parisiennes, Clara Bellet et Clémence Paillieux.
Le catalogue de Meisenthal est riche et varié
Les verriers sont certes célèbres pour la boule de Noël, mais la verrerie propose également un large choix d’objets décoratifs et arts de la table.
La couleur est toujours très présente, pour une ambiance chaude et chaleureuse.
Les activités du site verrier de Meisenthal
Ce n’est pas tout. En plus du centre verrier, le site verrier de Meisenthal vous propose :
- Son musée du verre et du cristal, à la découverte des techniques verrières et de l’Art nouveau en France.
- La grande Halle verrière et ses événements culturels (plus de 3 000 m2).
Le musée du verre et du cristal
Un lieu chargé d’histoire.
La Maison du verre de Meisenthal se trouve dans l’ancien bâtiment administratif. Créé en 1979, ce musée retrace l’histoire du verre et du cristal.
Le musée propose deux espaces d’exposition :
- Au rez-de-chaussée, une vidéo explicative ainsi qu’un parcours initiatique permettent de comprendre toutes les étapes de la fabrication du cristal.
- À l’étage, une sublime collection de verrerie, essentiellement Art nouveau, retrace l’époque faste de Meisenthal. C’est ici que le grand Émile Gallé faisait réaliser ses blancs, ainsi qu’une partie de l’émaillage, par l’un des meilleurs, Désiré Christian.
La grande Halle verrière, concerts et spectacles à Meisenthal
Située au cœur de l’ancienne verrière, la grande Halle verrière de Meisenthal est un lieu de création et de diffusion culturelle. Au programme, des concerts, des spectacles et même de l’art !
Rendez-vous sur : www.halle-verriere.fr
Où manger à Meisenthal ?
1) Le Château Hochberg
À la suite de votre visite, il sera peut-être temps de vous restaurer ? Pour la découverte globale du site verrier, il faut compter deux heures de visite.
Afin de rester dans la thématique verrière, nous vous recommandons vivement le Château Hochberg, show-room vivant de la cristallerie Lalique, situé à 6 km de Meisenthal, dans le petit village de Wingen-sur-Moder. On y déguste une cuisine raffinée dans un cadre d’exception.
Et pour ceux désirant passer un moment d’exception, découvrez la Villa René Lalique, hôtel-restaurant gastronomique auréolé de deux étoiles au célèbre guide rouge. Pensez à réserver deux mois à l’avance.
À lire aussi : les 10 plus beaux châteaux en Lorraine
2) Le restaurant Le Meisenthal
C’est l’escale toute désignée pour réserver une bonne table après votre visite du CIAV. Implanté au 2 rue de la Gare, à moins de 200 m de la cristallerie de Meisenthal, il se rejoint en quelques enjambées pour assouvir les faims de loup.
Comptez sur le chef pour vous concocter une recette gourmande cuisinée à partir de produits frais et de saison achetés sur le marché. Un vrai régal et un bon rapport qualité/prix seront au rendez-vous !
Lalique, une cristallerie d'Alsace, à seulement 5 km
Réservez votre après-midi pour visiter le musée Lalique. Cette cristallerie d’Alsace est un joyau du luxe français.
René Lalique, son créateur, est considéré comme un génie qui a marqué l’histoire de ses créations Art nouveau, d’abord joaillier, puis Art déco, alors maître verrier.
D'où vient la boule de Noël de Meisenthal ?
Vous le savez, la Lorraine cultive ses plus belles légendes. Saint-Nicolas, mais aussi un lointain secret venu de la forêt.
C’est ici, au nord du massif vosgien que la boule de Noël est née. Nous sommes au XIXe siècle et depuis cette date, Meisenthal attire des milliers de visiteurs.
Autrefois, le sapin de Lorraine était décoré de divers fruits provenant de la région. Les noisettes et pommes de pin habillaient les sapins vosgiens, tandis que les fruits comme la pomme décoraient les sapins d’Allemagne.
Le plus intéressant :
En , une grande sécheresse priva les Vosges du nord de fruits, de noisettes et de pommes de pin. Un souffleur de verre inspiré de Goetzenbruck (village voisin) tenta de compenser cette injustice en soufflant quelques boules en verre afin de décorer les sapins de Noël.
Il déclencha à lui seul une tradition qui traversa les cultures, le monde et l’humanité.
À la fin du XIXe siècle, 250 000 boules sortaient de la verrerie, mais dans les années 60, l’arrivée du plastique fit fermer l’usine, faute de client.
Et aujourd’hui ?
Depuis 1998, le CIAV sauvegarde cette technique en travaillant avec d’anciens verriers et lance une ligne éditoriale “BOULE DE NOËL”.
40 000 boules de Noël sont fabriquées chaque année au CIAV de Meisenthal et décorent les sapins des heureux acquéreurs.
Après l’espace d’exposition boutique, un accès direct et gratuit vous permet de voir travailler les verriers.
Aux modèles traditionnels réédités s’ajoutent chaque hiver des boules contemporaines conçues par des créateurs invités à revisiter la tradition.
La magie est intacte dans les ateliers du Centre international d’art verrier. Attention, vous risquez d’avoir une soudaine envie de collectionneur !
« C'est l'image d'un territoire, le maintien d'un savoir-faire, et il nourrit l'idée que ce savoir-faire, tenté qu'il soit confronté au rêve de modernité, peut tout à fait continuer à vivre à notre époque »
Le saviez-vous ?
Le temps humide n’est pas l’ami du verre ! Par un temps très pluvieux, le verre peut être légèrement cordé, qui se traduit par de petits filaments visibles dans le verre.
En hiver, c’est le grand coup de feu pour les verriers de Meisenthal !
« Les quatre derniers mois de l'année, c'est une vraie usine du père Noël. Sur deux équipes, soit six souffleurs, on fabrique 450 boules par jour ! »
La grande histoire de la verrerie de Meisenthal
À l’origine, le verrier était nomade, et se déplaçait au gré de la proximité de ressources en matière première. Suite aux ravages de la guerre de trente ans, une partie des verriers du site voisin nommé “Soucht” vient s’installer à Meisenthal.
Nous sommes en 1700.
La raison est simple : une pénurie de bois, alors si important à cette époque pour l’industrie verrière !
En 1702, les frères Jean-Martin, Jean-Nicolas et Etienne Walter demandent au duc Léopold l’autorisation de reconstruire une verrerie à Meisenthal. Deux ans plus tard, le 16 avril 1704, le duc Léopold leur accorde un bail de trente ans, les frères s’engagent alors à construire une verrerie en chêne et à reverser annuellement quarante-six florins pour l’utilisation gratuite et illimitée du bois.
Mais pourquoi existe-t-il autant de cristalleries en Lorraine ?
La Lorraine et plus globalement l’est de la France offre toutes les matières premières nécessaires au développement de l’industrie du verre. C’est l’une des raisons pour laquelle on dénombre plus de 30 sites verriers en Lorraine.
Il faut du bois pour alimenter les fours (très gourmands), de la silice et potasse en abondance pour créer le verre (on vous détaille la composition du cristal ici).
Il est important de préciser que la Lorraine avait accordé en 1448 toutes sortes de privilèges aux verriers. Ils étaient assimilés à la noblesse, ce qui leur donnait le droit de prélever le bois et l’eau nécessaire à leur production.
Ces conditions permettent un développement rapide et prospère.
Le village de Meisenthal croît rapidement. Petit à petit, des habitations sont construites autour du site. Vous le verrez de vous-même, le site verrier de Meisenthal est au cœur du village !
En 1727, un nouveau bail de trente ans est accordé. Les verriers de Meisental doivent alors reverser annuellement 550 francs ou 182 livres tournois à condition de ne pas utiliser plus de 300 cordes de bois.
De 290 habitants en 1793, la population (appelée les Val-Mésangeois) passe rapidement à plus de 1000 habitants en 1905.
Plus de 600 verriers sont en service à Meisenthal. Pendant plus de 160 ans, la cristallerie de Meisenthal produira des dizaines de millions de pièces de verre utilitaire, essentiellement bon marché. Le cristal, lui, sera introduit bien plus tardivement qu’à Baccarat.
L’année 1867 marque un grand changement pour Meisenthal : l’arrivée du maître verrier Émile Gallé qui fera du site verrier de Meisenthal son propre laboratoire. C’est ici que la nature va prendre vie, cristallisée dans le verre.
Tout n’était pas rose. En effet, si Meisenthal offrait un personnel de tout premier ordre, la verrerie n’était pas moins située à une centaine de kilomètres de Nancy et se trouvait depuis 1871 en territoire allemand.
Les frais d’emballage et de transport des marchandises sont coûteux, les tracasseries douanières insupportables, la direction à distance suscite une correspondance abondante et comporte bien des aléas.
Pour mettre au point des innovations techniques ou surveiller l’exécution des pièces exceptionnelles, Gallé doit y effectuer de nombreux séjours. Il y travaillera jusqu’en 1894, date à laquelle sa cristallerie ouvre à Nancy.
Le musée du verre à Meisenthal illustre à merveille cette période avec une exceptionnelle collection Art nouveau.
Voici notre guide de l’Art nouveau à découvrir ici.
Indissociable de la Révolution industrielle, l’Art nouveau prône également un accès à l’art pour tous, qui passe par la production en série, et donc le développement de manufactures comme à Meisenthal.
Pendant vingt-sept ans, de 1867 à 1894, Émile Gallé fait en effet exécuter à Meisenthal la totalité du travail à chaud de sa production verrière ainsi que la décoration des pièces émaillées.
Pour exemple, ce superbe dragon héraldique a probablement été façonné à Meisenthal.
Cette œuvre atypique illustre l’imaginaire fantastique d’Émile Gallé. Une pièce unique, sagement conservée dans la même famille depuis sa création.
Estimé à plus de 200 000 €, ceci est une illustration parfaite du prestige et de la qualité de production qui firent la renommée de la cristallerie de Meisenthal.
À la fin des années soixante, fortement concurrencée par les verreries mécanisées, l’unité de production traditionnelle connaît de grandes difficultés.
Le 31 décembre 1969, le site verrier de Meisenthal ferme ses portes, laissant sur le bas-côté plus de 650 ouvriers, une friche industrielle, et le souvenir d’une mémoire ouvrière désormais éteinte.
En l’espace de quelques mois, les ferrailleurs recyclent 8 000 moules en métal et désossent l’usine, l’outil de production est inexploitable.
Aujourd’hui, le site verrier est en pleine mutation. D’importants travaux d’extension et de rénovation sont en cours, pour un budget global de 13 000 000 €.
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