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La success story des frères Muller de Lunéville (Lorraine)

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Les frères Muller de Lunéville ont pleinement profité de l'enthousiasme décoratif rencontré à la fin du XIXe siècle. Aux côtés d'Émile Gallé, des frères Daum, de René Lalique, la cristallerie de Muller fait partie de notre histoire verrière régionale. Cette grande famille de dix enfants a su se démarquer et profiter, à sa façon, de son passage chez le maître incontesté de la verrerie française, Émile Gallé.

Les créations Art nouveau des frères Muller sont aujourd’hui très recherchées.

Verre multicouche, taillée à la roue ou gravée à l’acide, voici le témoin de la vitalité de notre verrerie Lorraine, qui connaît à cette époque son âge d’or.

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Signature Muller Frères, quelle valeur sur le marché de l'art ?

Avant de découvrir leur Success Story, nous allons répondre à la question que vous devez surement vous poser.

Quelle est la valeur d’une signature Muller frères ?

On constate que la production des frères Muller est de plus en plus rare sur le marché, malgré qu’elle fut abondante pendant plus de cinquante ans.

Trois raisons expliquent cette absence :

  • Les acquéreurs possédant un Muller Frères y sont très attachés.
  • Les cotes n’ont pas atteint un niveau suffisant par rapport aux prix pratiqués pour des œuvres de maîtres utilisant des techniques analogues.
  • Des marchands prévoyant ont conservé une partie de ces oeuvres en attendant le moment opportun pour les mettre en vente.
Ainsi, il est fortement conseillé de garder les oeuvres Muller bien au chaud, leur cote ne pouvant que grandir.
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Vase Muller, photo de Laurent Mouton

La famille Muller, 10 frères et soeurs de talent

La famille Muller, fondateurs de la verrerie Muller Frères, comprend dix frères et soeurs.

Trois membres se démarquèrent durant cette success story. Les deux ainés, Désiré Muller (1877-1952) et Eugène Muller (1883-1917), ainsi qu’Henri Muller.

« Les Frères Muller et soeur étaient 10 sans compter Auguste décédé en bas âge »

Cette famille forte et unie atteindra des sommets, grâce à la complémentarité de la fratrie.

Cette aventure familiale n’est pas isolée. Au sein de l’histoire verrière, de grands noms de la verrerie française sont souvent le résultat d’un travail d’équipe.

Prenons l’exemple des frères Daum. Jean, le père, acquéreur de la verrerie Sainte-Catherine, est accompagné de ses deux fils, Antonin pour le département création, et Auguste pour la gestion et l’administration.

À lire aussi : L’histoire de la cristallerie Daum

Autre exemple, celui d’Émile Gallé, qui est assisté par son père pour la gestion financière, alors propriétaire d’un magasin de cristaux et porcelaine à Nancy.

À lire aussi : 22 faits surprenants sur la vie d’Émile Gallé

Au XIXe siècle, le métier de verrier se transmettait essentiellement de génération en génération. Il n’était pas étonnant de rencontrer des familles entières vivant de la même passion artistique.

Aujourd’hui, des organismes tels que le CERFAV à Vannes-le-Châtel permettent de former nos jeunes aux métiers traditionnels du verre.

photographie de la famille Muller verrier
Photographie de la famille Muller, verrier à Lunéville

Muller frères, des "optants" qui s'installent à Lunéville

La famille Muller est originaire de Kalhausen, en Moselle. À la suite du traité de Francfort et de l’annexion de l’Alsace-Moselle, la famille s’installe à Lunéville en 1871.

Les territoires perdus, plus connus sous le nom d’Alsace-Lorraine, passent sous le contrôle total de l’Empire Allemand.

Ces Alsaciens-Lorrains, fuyant l’annexion, dont faisait partie la famille Muller (et les frères Daum), étaient dénommés “les optants”. Il s’avère que ce terme d’optant est aujourd’hui presque totalement ignoré du grand public.

Ne l’oublions pas.

À cette époque, les optants représentent une part importante de la population de Nancy. Artistes, commerçants, industriels, sous oublier une main d’oeuvre abondante convergent vers Nancy, acteur d’un développement considérable de la ville, durant la période de l’Art nouveau.

Nancy devient capital de l’Est, et la famille Muller ne va pas tarder à y emménager !

À lire aussi : 10 lieux Art nouveau à visiter (Nancy).

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Rue Saint-Jean à Nancy, 1890

Le passage chez Émile Gallé

Originaire du pays de Bitche, Désiré Muller et son petit frère, Eugène, apprennent le métier de verrier, formés par la cristallerie Saint-Louis.

En 1894, les trois frères Henri, Désiré et Eugène s’installent à Nancy, où ils sont recrutés par le maître verrier Émile Gallé. Émile Gallé a besoin d’une main d’oeuvre qualifiée pour sa nouvelle verrerie construite en 1894. Il trouve chez les frères Muller toutes les qualités requises de décorateurs-graveurs.

Voici une illustration de la cristallerie Gallé vers 1898, issue de l’aquarelle d’Auguste Herbst, aquarelliste lorrain.

Marqueterie sur bois des usines Emile galle
Marqueterie sur bois des usines Gallé, vers 1898

Après quelques années de service, les frères Muller décident de quitter les ateliers Gallé, avec dans la poche, un grand nombre de secrets !

Henri Muller dérobe quelques plaques de dessin, mais surtout des techniques de fabrications encore inconnues des autres verriers. Gallé a en effet pour habitude de prendre un grand nombre de notes, classées sous clef.

Pour l’époque, c’est un véritable espionnage industriel !

Émile Gallé s’en rendra compte. Le passage de la famille Muller lui laissera un goût amer, d’autant que leur futur production, nous allons le voir, sera très proche de son style.

« Le misérable qui mène la bande a dû prendre dans mes livres une masse de notes et même mes recettes, pourtant sous clef »

Les frères Muller ouvrent leur atelier de décoration à Lunéville

Le départ des frères Muller des ateliers Gallé n’est pas anodin. Un projet professionnel s’était construit.

Expérience en poche, maîtrisant les différentes techniques de taille à la roue et de gravure à l’acide, Henri décide d’ouvrir sa propre verrerie d’Art à Croismare en 1897.

« En 1897, Henri Muller, devient le directeur et l'enseigne porte le nom de "Muller et Cie, verrerie d'Art de Croismare »

Aussitôt, la famille le rejoint dans cette nouvelle aventure. Au départ, le travail à chaud des créations Muller est réalisé par la verrerie Guerner. Les décors sont ensuite réalisés à l’atelier.

« Les blancs sont fournis par la Verrerie Guerner et les décors sont faits à Lunéville rue Ste Anne dans un atelier de décoration. Les 10 frères et soeur âgès de 14 à 31 ans vont le rejoindre »

On retrouve ici le modèle économique d’un certain Émile Gallé avant l’ouverture de sa verrerie en 1894.

Émile Gallé s’approvisionnait en verre brut à la verrerie Burgun-Schverer. Cet atelier situé à Meisenthal réalisait même des décors sur verre sous sa direction.

Il en était de même pour nos ancêtres, la famille Vessière, artistes-décorateurs à Nancy, qui s’approvisionnait à la verrerie Daum pour ensuite effectuer le décor au sein de leur atelier situé à Nancy.

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Au coeur de l'Art nouveau, les créations Muller s'inspirent de l'École de Nancy

La fin du XIXe siècle, souvent appelée la “Belle Époque”, est une période où de profonds changements marquent la société. Les nouvelles élites ont les moyens de se meubler et de décorer leurs appartements.

Tout s’explique.

La verrerie d’Art Lorraine profite pleinement de cet essor et de cet enthousiasme. L’Art nouveau, lui, favorise une esthétique des lignes courbes. Le naturalisme est partout, dans sa plus belle représentation.

En 1901, Émile Gallé crée l’École de Nancy, également connu sous le nom d’Alliance Provinciale des Industries d’Art. Artistes et industriels lorrains se rassemblent et s’unissent afin de promouvoir et protéger cet Art nouveau, enraciné à Nancy.

« Emile Gallé ne pardonnera jamais à la famille Muller leur malhonnêteté. Ainsi, lorsqu'il créera "L'alliance provinciale des Industries d'art" ou "l'association École de Nancy" le 13 février 1901, il refusera leurs entrées dans l'association »

À découvrir : notre visite du Musée de l’École de Nancy.

Les créations Muller profitent pleinement de cet essor pour s’inspirer de l’École de Nancy. Dès 1910, les frères Muller se spécialisent dans la verrerie d’Art, déclinant plus de 400 modèles.

La cristallerie Muller ouvre ses portes en 1919

La guerre de 14-18 a sérieusement ralentie la production de l’usine. En 1919, Henri et Désiré Muller rachètent les ruines de la verrerie de Croismare et font construire de nouveaux bâtiments pour relancer la production.

À partir des années 1910, le goût pour les lignes complexes se perd et, dans les années 1920, s’épanouit l’Art Déco.

En réaction à l’Art nouveau, le style Art Déco affectionne la symétrie et les lignes épurées.

Les verreries saisissent très vite la nécessité de s’adapter.

En 1919, la famille Muller se réunie à Lunéville et Croismare. Ils font l’acquisition de la verrerie de Hinzelin pour souffler leur propre production. Au plus fort de l’activité, 300 verriers travailleront pour la cristallerie Muller.

Les frères feront notamment décorer leurs vases par André Delatte, dont ils sont un fidèle client.

Vase Muller, lampe Art nouveau

Les vases et lampes Muller sont récompensées en 1925, lors de l’Exposition des Arts décoratifs de Paris.

illustration de la verrerie des frères muller croismare
Illustration des cristalleries Muller de www.chrisbrigonne.fr

La crise de la verrerie française des années 1930

Dès les années 1930, les cristalleries Lorraines commencent à sentir les effets dévastateurs de la crise économique.

  • La cristallerie Muller ferme définitivement ses portes en 1934.
  • De 1905 à 1931, le nombre de salarié à Vallérysthal passe de 1300 à 960.

Pendant la grande guerre de 39-45, des unités entières de production sont détruites, alors que d’autres ont dû fermer faute de matière premières, à l’image des ateliers Daum.

Face au déclin, les cristalleries s’unissent et forment la Compagnie Française du Cristal en 1970.

Vallérysthal, Daum, Bayel et Fain-les-Sources rejoignent le mouvement, qui ne résistera pas à la concurrence (dépôt de bilan en 1977).

Attention aux fausses signatures Muller !

Si vous désirez acheter un Muller, vous devez prêter une attention particulière à la signature, mais surtout à la qualité de fabrication.

  • Avant la Première Guerre mondiale, les créations Muller portent la signature ” Muller Croismare”
  • À partir de 1919, ajout de la mention “Lunéville”
  • Il existe également la mention “Muller Fres” ou “Muller Fres Luneville”

De nombreuses contrefaçons fabriquées dans les années 1980 circulent sur le marché. Cependant, avec un oeil averti, la piètre qualité ne peut vous tromper.

Si vous avez un doute, tournez-vous vers le spécialiste => leverreetlecristal.wordpress.com

signature des freres muller luneville
Signature des frères Muller
signature des freres muller
Signature des frères Muller
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5 réponses

  1. j’ aime a regarder vous avez de très belles choses j’ aime les vases mais surtout les lampes

  2. Existait-il à l’époque des productions lampe champignon, copies de lampes signées, mais non signées ?

  3. Certains frères Muller sont venus travailler au Val St Lambert, Liège, Belgique.
    Certains vases sont signés Muller VSL et on en voit régulièrement en salle de vente dans la région.
    Je ne me souviens plus de leurs préprénoms, je vais me renseigner ……comme quoi ils ont aussi fait de l’espionnage industriel hors France !

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