Claude Déruet, connaissez-vous ce peintre lorrain ?
Claude Déruet est un célèbre peintre lorrain, né à Nancy en 1588. Issu du style artistique maniérisme, il doit sa renommée à ses œuvres dont certaines sont conservées au musée des Beaux-arts de Nancy.
Claude Déruet, ce peintre nancéien issu du maniérisme tardif
Claude Déruet est un peintre nancéien de renommée internationale.
C’est à la fois un grand peintre de portraits, d’histoire et de genre. Mais surtout, c’est un artiste français issu du maniérisme tardif.
Le maniérisme, c’est quoi ?
En quelques mots, le maniérisme est un mouvement artistique né à la fin de la Renaissance. Ce courant esthétique fut créé à partir de 1510. C’est un jeu artistique de l’emprunt qui privilégie l’artificialité.
Selon Daniel Arasse, le maniérisme « met en scène le trouble, l’incertitude, pour en jouer et peut-être aussi en exorciser le caractère inquiétant. »
Dans le contexte italien, il est représenté par les artistes comme Pontormo, Bronzino, Parmigianino ou encore Arcimboldo qui ont puisé leur inspiration dans l’art de Raphaël et de Michel-Ange.
La vie de Claude Déruet à Nancy de 1588 jusqu’en 1662
Claude Déruet était un apprenti de Jacques Bellange en 1605, un peintre de cour officiel du duc Charles III de Lorraine. Puis, il avait déménagé à Rome en 1613 pour continuer ses études aux côtés de Tempesta et du Cavalier d’Arpin.
En 1615, Déruet avait réalisé le portrait du Samouraï Tsunenaga Hasekura en ambassade en Europe.
En 1621, il fut anobli et désigné Chevalier de l’Ordre de Saint-Michel par Louis XIII en 1645. Il était propriétaire d’une somptueuse demeure à Nancy, qu’il appela « La Romaine ».
De 1625 à 1625, Claude lorrain avait été l’élève de Claude Déruet.
Le thème de la femme guerrière devenu la spécialité de Claude Déruet
À partir de 1619, le peintre lorrain est connu pour avoir utilisé le thème de la femme guerrière.
« A travers une mythologie guerrière, de glorifier l’héroïne téméraire et la cavalière hardie qui enhardissent la littérature romanesque et théâtrale ».
Déruet a fait de ce thème de femme guerrière sa spécialité. Un thème qui combine une certaine violence sanguinaire et une forme de délicatesse.
Particulièrement mis en avant par les textes antiques, ce thème de la femme guerrière était devenu une source d’inspiration pour certains artistes à la charnière des XVIe et XVIIe siècles.
« Le sujet lui permettait d’innombrables variations décoratives comme on peut juger ici, où ces fameuses amazones confirment par la ailleurs la formation italienne du peintre. L’apport de Florence est, en effet, frappant à travers la fantaisie des costumes notamment, mais aussi à travers les attitudes des chevaux variées et intéressantes… ».
Les magnifiques œuvres de ce célèbre peintre français
Les œuvres artistiques signées Claude Déruet sont nombreuses et exposées dans les quatre coins du globe, allant de France à Rome en passant par la Belgique et l’Allemagne.
Sans compter les incroyables tableaux entreposés au Musée des beaux-arts d’Orléans ou encore les séries d’amazones conservées au musée des beaux-arts de Strasbourg.
Les quatre éléments de Claude Déruet
Ce peintre devait son succès à l’une de ses œuvres emblématiques, baptisée les « Quatre éléments »,qui sont exposées au musée des beaux-arts d’Orléans, à savoir :
- Le Feu, huile sur toile,
- La Terre, huile sur toile,
- L’eau, huile sur toile
- L’air, huile sur toile
Il faut savoir que le travail de Déruet avait la réputation d’être peu explicite. Ainsi, devant ses tableaux « Quatre éléments », le poète Jean de La Fontaine déclarait ces quelques mots :
« On y voit que des feux d’artifice, des courses de bagues, des carrousels, des divertissements, des traîneaux et autres gentilles semblables. Si vous me demandez ce que tout cela signifie, je vous répondrai que je n’en sais rien. »
Analyse d'une peinture : Portrait équestre de Madame de Saint-Baslemont, 1646
À partir de 1640, Claude Déruet avait réalisé différents tableaux pour le compte du cardinal de Richelieu. Son travail a particulièrement ravi le gouverneur de Nancy, le maréchal de La Ferté.
Ainsi, en 1653, en faisant un inventaire du mobilier, on a retrouvé une large gamme d’œuvres de ce peintre lorrain minutieusement conservées au palais ducal.
Parmi les œuvres qu’on y a retrouvées, on peut citer le « tableau représentant Madame de Saint-Baslemont en habit d’homme de guerre à cheval. »
Ce splendide portrait équestre fait partie des œuvres sauvegardées au musée des Beaux-Arts de Nancy.
Pour rappel, à la suite de l’extension de la guerre de Trente Ans en Europe, la France a décidé de déclarer la guerre à l’Espagne et de s’engager dans le combat.
À cet effet, plusieurs régions d’Europe ont été massacrées et dévastées.
Et pendant dix ans, Madame de Saint-Baslemont, dont le vrai nom est Alberte-Barbe d’Ernécourt, fut une vraie héroïne lorraine en s’opposant aux tentatives de pillage et aux violences exercées sur les habitants de ses terres, à Neuville en Verdunois.
Surnommée l’Amazone chrétienne, Alberte-Barbe d’Ernécourt avait appris aux habitants l’art du combat, et ce, grâce aux connaissances militaires que son père lui aurait transmises.
Son esprit de résistance et son courage ont particulièrement impressionné les officiers ennemis français.
Ces derniers ont donc demandé à Claude Déruet de faire son portrait. L’artiste lorrain peint ainsi Madame de Saint-Baslemont vêtue d’un habit d’homme et entourée des moments forts de la guerre.
